La Maire de Paris, face au tollé des Parisiens qui dénoncent les conséquences désastreuses de laisser rouler dans la capitale des trottinettes électriques, annonce la tenue d’un référendum (le terme de votation est aussi employé) le 2 avril prochain, afin que les habitants décident du maintien ou non de la circulation de ces engins. Rien ne dit que la trottinette sera éradiquée pour autant de nos rues. Pourtant elles sont devenues pour les piétons comme pour les automobilistes, les conducteurs de bus et les cyclistes respectueux du code de la route, une véritable plaie, un danger permanent.
Les incivilités des conducteurs de trottinettes sont légion, allant de l’utilisation de celles-ci à deux ou 3 parfois alors que c’est interdit, les laissant joncher sur le sol sans respect des piétons (parents avec des petits enfants, personnes âgées et handicapés…) qui deviennent des obstacles pour réaliser des gymkhanas ! Les accidents sont bien plus élevés que les chiffres officiels publiés, on comprend que les promoteurs de ce qui est appelé « déplacements doux » ne tiennent pas à une publicité qui viendrait ternir leur certitude de départ ayant conduit à promouvoir les patinettes électriques pour réduire la pollution. Des chiffres sont avancés à ce sujet, mais comment peut-on réellement évaluer les économies réalisées sans tenir compte de la pollution générée pour fabriquer ces engins en particulier les batteries ?
Face à l’insécurité, à l’anxiété, aux incivilités et aux accidents provoqués, la Maire de Paris après avoir demandé aux opérateurs de brider la vitesse, sans qu’un effet tangible soit perçu, ne pouvait pas rester les bras croisés. Une seconde réaction, face au mécontentement persistant des Parisiens s’est traduite par une communication indiquant que la mairie pourrait ne pas renouveler les contrats des opérateurs de trottinettes en libre-service. En réaction ces derniers ont pris la décision d’interdire depuis le 28 novembre l’utilisation des trottinettes aux mineurs (l’utilisateur devant préalablement scanner sa carte d’identité). Malgré ces effets d’annonce, la danger de ces machines persistant, la Maire lance le bouchon un peu plus loin avec un référendum appelant les Parisiens à se prononcer.
Cette méthode si inhabituelle dans la capitale où la concertation est réduite à une peau de chagrin montre non pas que la Maire est hésitante, mais qu’elle fait face dans son équipe à des membres qui ne souhaitent pas la suppression des trottinettes. Se déjuger serait pour eux avouer leur erreur. La reconnaisse t-il d’ailleurs, convaincus qu’ils sont d’être les plus à même de déterminer ce qui est bon et ce qui est mal en matière d’écologie ?
Il ne faut portant pas être grand clerc pour se rendre compte du « ras le bol » des Parisiens à l’égard de ces engins, de leur inadaptation dans une ville de la taille de Paris et plus encore dans nos rues étroites et même sur les pistes cyclables. Les « cyclistes » se plaignent de leur côté des désagréments qu’ils subissent du fait des patinettes en question. Et que dire aussi de tous ceux qui roulent à contre sens ou sur les trottoirs aggravant le danger qu’ils représentent en se comportant égoïstement.
La colère est là, présente chez nombre d’habitants et de visiteurs. La trottinette n’est en effet pas un joujou comme nombre d’utilisateurs le croient mais perçue par la majorité comme un instrument d’insécurité, générant angoisse et rejet. Elle est aussi une affaire de « gros sous » pour les opérateurs « agréés » par la ville de Paris.
Était-il vraiment nécessaire pour la Maire d’utiliser la voie du référendum pour interdire les trottinettes alors qu’elle ne l’avait pas fait pour les lancer? En réalité, comme nous venons de l’expliquer, sans doute préfère t-elle cette solution qui ne pourra pas être discutée au sein de sa coalition ? A suivre.
Voilà une bien curieuse procédure. Tandis que n’importe qui peut voter lors des « budgets participatifs », y compris les non-résidents et même les touristes de passage, il est possible de s’interroger sur la rigueur dans l’établissement des listes électorales pour ce vote.
Rappelons par ailleurs que les parisiens n’ont pas été appelés à se prononcer sur la fermeture des voies sur berge, la transformation de voies de circulation en « zones de partage », ou autres initiatives municipales. De même, concernant Paris Centre, sur le projet démesuré d’interdire la circulation à l’ensemble des 4 premiers arrondissements, et une partie des 5ème et 6ème, ou encore la piétonnisation d’une vaste zone allant du Trocadéro au Champ-de-Mars.
Sur le référendum local « patinettes » (la « votation » est un mot helvétique), rappelons les règles légales :
Le référendum local est ouvert à toutes les collectivités territoriales depuis la révision constitutionnelle du 28 mars 2003 (art. 72-1 al. 2 de la Constitution). Ses modalités ont été précisées par une loi organique du 1er août 2003.
Le projet soumis à référendum local est adopté :
– Si la moitié au moins des électeurs inscrits a pris part au scrutin et s’il réunit la majorité des suffrages exprimés. Si cette dernière condition est remplie, le référendum vaut décision que la collectivité locale organisatrice doit juridiquement appliquer.
– Dans le cas contraire, le référendum n’a que la portée d’un avis consultatif.
Modalités principales :
– seuls les électeurs, et non l’ensemble des habitants, peuvent voter. Les électeurs européens peuvent participer aux référendums organisés par leur commune ;
– l’assemblée délibérante fixe le jour du scrutin qui ne peut avoir lieu moins de deux mois après la transmission au représentant de l’État (préfet) du texte sur lequel portera le vote ;
– la délibération organisatrice et l’objet du référendum ne peuvent compromettre l’exercice d’une liberté publique ou individuelle ;
– les dépenses liées à l’organisation du référendum sont à la charge de la collectivité organisatrice, et donc encore une fois des contribuables parisiens.