Faut-il reporter l’ouverture à la concurrence des bus parisiens ?

Les médias viennent de rapporter combien les avis étaient très partagés sur l’ouverture à la concurrence des bus parisiens. Dans un article que nous avons publié le 13 mars 2022 intitulé » La RATP face à la concurrence« , nous soulignions  « la RATP  va devoir en effet affronter l’arrivée de concurrents dans les bus parisiens à compter de fin 2024, conséquence d’un règlement européen de 2007 traduit dans la législation française par la loi d’orientation des mobilités du 08 décembre 2019. Ainsi en avril dernier, Keolis (filiale de la SNCF) remportait au détriment de la RATP l’exploitation de la nouvelle ligne de tramway Porte de Choisy-Orly-Ville. La RATP perd ainsi son monopole alors que l’ouverture à la concurrence de l’exploitation des autobus sous le nom d’ « Optile » c’est-à-dire de la Grande Couronne est lancée.« 

La Maire de Paris vient de demander à la Première Ministre, sinon de réexaminer, de  reporter la date d’ouverture à la concurrence d’un an, soit en 2025. Elle estime avec un certain nombre d’élus franciliens qu’il faut surseoir à l’ouverture à la concurrence (tribune dans Le Monde du 02 janvier 2023) rappelant que le processus est facultatif et que la Présidente de la Région Ile de France souhaitait « disloquer » le réseau RATP en « 12 entités de droit privé« . « L’impact social de ce basculement toucherait non seulement les 14 500 machinistes mais aussi toutes les catégories de personnel » ajoutent ils.

De son côté le Ministre des transports ne serait pas opposé à reporter la date de ce changement mais la Présidente de la Région souhaite néanmoins la maintenir et la loi pour ce faire a bel et bien été votée . Les sociétés intéressées par la fin du monopole ont mobilisé leurs équipes afin de répondre aux appels d’offre et soulignent que l’ouverture à la concurrence, déjà effective de la de la SNCF, ne semble pas poser question.  Quant au nouveau président de la RATP, ex Premier Ministre, il ne s’est pas exprimé sur le sujet.

Par ailleurs les spécialistes ne cachent pas que la saturation actuelle des transports (il suffit de prendre le bus ou le métro pour s’en rendre compte) ne préside pas au changement car il ferait courir le risque d’une implosion, ce qui serait encore pire.  Mieux vaut attendre  un  fonctionnement redevenu normal pour engager les modifications dues à l’arrivée de nouveaux acteurs.  Bien entendu les commentateurs voient dans ces déclarations les enjeux politiques pour les uns et les autres, malheureusement qui en fera les frais, une nouvelle fois l’usager qui galère chaque jour.

Que la concurrence soit instaurée maintenant ou demain, l’important pour l’usager est de pouvoir voyager sereinement dans la régularité des horaires et de ne pas subir périodiquement les conséquences des grèves à répétition dans sa vie quotidienne et personnelle. Les grèves de Noël à la SNCF ont convaincu les plus sceptiques de l’intérêt de l’existence de compagnies concurrentes. Et cela est plutôt un élément favorable pour faire de même avec la RATP sachant que le calendrier de l’ouverture à d’autre sociétés de transport concerne aussi, mais plus tard les lignes RER selon un calendrier s’échelonnant jusqu’en 2039.
Il importe donc d’organiser la « bascule » dans les meilleures conditions et dans un contexte non hostile. Est-il en effet opportun de s’y opposer si n’est pris en compte que l’intérêt des voyageurs ?

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