Le 18 janvier dernier, le Premier adjoint d’Anne Hidalgo, Emmanuel Grégoire dévoilait le « Manifeste pour la beauté de Paris » que la Ville présente comme un guide de bonne gestion de l’espace public. il est effectivement grand temps. Mais ajoutait l’élu « Ce ne sera pas le grand soir » ? Tout ceci nous laisse assez perplexe.
L’idée de rédiger un guide qui n’est pas étranger au « ras le bol » des Parisiens sur l’évolution de l’aspect de la ville qui a été dénoncé non seulement pas nos associations, #SaccageParis, la Tribune de l’art, France Nature Environnement et par Didier Rykner dans son livre à paraître le 24 janvier « La disparition de Paris » (Ed Les Belles Lettres) qui dresse un bilan cru de l’abandon du patrimoine, le non respect du mobilier urbain ancien, l’état déplorable des squares et le retard porté à l’entretien du patrimoine cultuel. Ce ne sont pas des controverses architecturales comme semble l’indiquer le Premier Adjoint, mais une volonté d’arraser une partie de notre histoire, de notre passé. un point de vue intolérable pour beaucoup. Ce guide est composé de quatre tomes (introduction, sol, objets et bâti), un document technique de référence pour la Ville, les concessionnaires de l’espace public et les citoyens.
il est précisé dans l’introduction du guide que la capitale sera « harmonieuse, vivante, audacieuse, bienveillante, végétale, libre et fidèle ». S’agit-il de mots ou de véritables engagements sur la durée? L’harmonie sera préservée est-il ajouté par le maintien « des perspectives et alignements qui font la renommée parisienne. Paris est vivante quand on adopte un regard historique sur son mobilier urbain, adapté au fil du temps ». L’audace quant à elle est définie par « son statut de ville d’avant-garde, de geste architectural qu’elle doit rester. » La bienveillance correspond toujours selon le Premier Adjoint à la nécessité de disposer d’« un espace public utile pour le plus grand nombre ». Le végétal est une réponse aux enjeux climatiques et la liberté est définie par des « plateaux libres qui pourront être adoptés par des habitants », ce qui apparait plus abscons. Fidélité enfin au mobilier de Davioud, au passé, tel est le dernier engagement affirmé par Emmanuel Grégoire qui déjà se traduit par un recensement en cours du mobilier urbain historique. Que n’a-t-il pas été fait au cours des années passées ?
Ce tome d’introduction publié, 3 autres tomes sont attendus dont deux sortiront en mars, celui sur le sol (végétalisation, des parcs, des jardins et de la voirie) et l’autre sur les objets (mobilier urbain, les travaux de concessionnaires et l’urbanisme « transitoire»). Des « livrets opérationnels » complèteront les tomes avec des « fiches des conseils d’entretien… » C’est ainsi que des mobiliers inutiles ont été retirés ainsi que les panneaux périmés (2 000 recensés). pour lesquels une opération est en cours.
Il ressort donc de la « réflexion » menée par les équipes municipales, sur ce qu’elles qualifient de « beauté monumentale et humaine de Paris« , des changements stratégiques qui nous semblent aller dans le bon sens. La première décision importante après le recensement du mobilier urbain est celle concernant les plantations autour des arbres que pouvaient initier tous ceux qui obtenaient une permis de végétaliser. Ce dernier est supprimé et avec lui les pourtours des arbres vont retrouver leur aspect originel. Espérons que rapidement il es sera fini des herbes folles, des entourages-détritus, des « parcs à cochons », des cendriers géants, en clair du n’importe quoi! Certes ces grilles gênaient le ramassage des mégots et surtout la police car elles pouvaient être utilisées contre elle par les manifestants voulant en découdre mais depuis leur mise en circulation le problème a toujours existé sauf que l’entretien était d’une autre tenue. Nous pouvons donc nous réjouir du retour des grilles ajourées d’arbres en fonte là où elles avaient disparu. Les bacs plantés de fleurs et de plantes devraient de leur côté bénéficier d’un entretien renforcé et régulier.
Quels seront les étapes suivantes après ces premières et timides mesures de raison ? Quid de la malpropreté? Quid du sort de la voiture? Quid d’une végétalisation tous azimuts? Quid des adaptations au changement climatique? Quid de l’esthétique de la ville en général et de la construction de nouvelles tours? Quid de l’entretien du patrimoine cultuel et du mobilier qui lui est attaché (orgues, peintures, fresques, statuaire, vitraux etc…)?
A suivre en espérant qu’il ne s’agit pas d’un coup d’épée dans l’eau.