Un « temple de la mode » vient d’investir le Marais

Alors que depuis le Covid, nombre d’enseignes de mode sont en dépôt de bilan, redressement judiciaire ou en liquidation, voire rachetées, les fermetures de magasins se multipliant, certaines arrivent néanmoins à tirer leur épingle du jeu. Un constat étonnant dans une conjoncture morose et en dépit du développement des ventes en ligne et de seconde main, ainsi que de baisse du pouvoir d’achat des consommateurs qui doivent jongler souvent en priorisant leur achats de première nécessité au détriment des achats plaisir, des loisirs et des vacances. Nous l’avons évoqué dans certains de nos articles, le commerce évolue car les habitudes de consommation changent au fil des ans. L’arrivée de groupes multinationaux puissants disposant d’une énorme force de frappe, nonobstant les mesures réglementaires prises en matière de protection de l’environnement et de respect des règles liées aux conditions de travail, a elle aussi changé la donne.

Dans ce contexte changeant, la presse porte une grande attention à l’ouverture récente de ce que certains journalistes spécialisés ont qualifié de « nouveau temple de la mode« . A savoir l’implantation de Dover Street Market en plein cœur du  Marais dans l’Hôtel de Coulanges [35-37 rue des Francs Bourgeois (ex 4e)], là où est née Madame de Sévigné.  Il s’agit d’un concept store du groupe de prêt à porter « Comme des Garçons » à l’instar de ceux déjà ouverts 54-56 rue du Faubourg Saint-Honoré, à Londres, à New York, à Los Angeles, à Singapour, et à Tokyo. Pour l’occasion, la cour de ce monument historique qui vient d’être restauré est parsemée d’imposants panneaux circulaires recouverts de photographies de Paolo Roversi en lien avec la marque.

Les fondateurs de cette entreprise sont Rei Kawakubo et son mari Adrian Joffe. Leur boutique de parfums de la rue Elzévir existe depuis 6 ans. Ils estiment, après avoir longuement hésité, que Paris a retrouvé, au travers du plan municipal « Réinventer Paris », une partie de son attrait passé pour les créateurs, au détriment d’ailleurs de Londres et de Berlin ?

L’ouverture est annoncée pour ce 24 mai. Ce sont 1100 m2 sur 3 étages où, outre les espaces de vente, se côtoient un café et des surfaces d’exposition. Un magasin physique dans un monde d’e-commerce peut dorénavant paraître paradoxal, sauf si, comme l’affirment les dirigeants, « …il faut toucher, essayer  échanger avec les gens… ». Ce que l’on a appelé en termes anglais et par opposition à la vente en ligne, « brick and mortar ». Curieux aussi est le fait que l’on ne voit rien de l’extérieur, aucune vitrine, aucune publicité apparente. Quant aux espaces de vente, ils sont épurés, une tendance d’ailleurs assez rependue. 150 marques de mode sont réunies et mélangées, plutôt des marques de jeunes créateurs afin de mettre en avant de nouveaux talents mais aussi de maisons de luxe connues.

Nous souhaitons la réussite de cette nouvelle enseigne dans le Marais qui confirme la gentrification du quartier et son activité concentrée autour de la mode, de la restauration et des bars. Certaines voix soulignent le pari pris par cette entreprise en choisissant un secteur de la capitale où se concentre un tourisme de masse davantage en phase avec les enseignes plus populaires et proches que sont Uniqlo ou Muji par exemple installés dans la même rue.  L’évènementiel devrait selon les dirigeants favoriser cette dichotomie.

 

 

Sources : Le Figaro du 13 mai 2024. Site de Dover Street Market. 

 

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