Une sélection d’expositions à l’occasion de la réouverture des musées

L’annonce de la réouverture des terrasses est tellement médiatisée qu’à écouter les médias, nous pourrions nous laisser convaincre que seuls les débits de boissons et les restaurants ont l’apanage de pouvoir créer du lien social, ce que soutient d’ailleurs la mairie de Paris. Hors les commerces « non essentiels », les lieux culturels qui étaient fermés vont pouvoir aussi rouvrir à cette même date, Ils contribuent eux aussi, n’en déplaise aux aficionados des bars, à créer du lien social et davantage puisqu’ils participent à enrichir notre culture.

Paris Centre est riche de musées. Nous avons sélectionné quelques expositions à ne pas manquer.

Tout d’abord il faut mentionner l’ouverture le 22 mai du musée voulu par François Pinault, sorte de revanche après l’échec de l’Ile Seguin en 2005, au sein de  l’ancienne bourse du commerce dont nous avons déjà abondamment parlé à l’occasion des travaux qui y ont été menés (notre article du 13 octobre 2020). Retardé à plusieurs reprises, l’événement est annoncé à grands renforts de publicité et consacre la renaissance d’un lieu qui peinait depuis longtemps à retrouver son lustre passé. Les commentateurs ne tarissent pas d’éloges sur l’architecture concoctée par la Japonais Tadao Ando (un des 4 architectes retenus pour cette réhabilitation), notamment « l’enveloppe du monument historique. » Il se dit que la réplique monumentale en cire (voir photo illustrant cet article) de « L’enlèvement des Sabines » de Jean de Bologne par le Suisse Urs Fischer est la réalisation à voir au cours de cette visite. Parmi les œuvres exposées, on remarquera aussi la fresque « Ici  Plage, comme ici-bas »  de Martial Raysse. des monochromes blancs de Robert Ryman, et des productions de Roni Horn, Abdel Abdessemed, Bertrand Lavier, Journiac, Wilson, Levine, Sherman, Prince, Lawer ou Damien Hirst notamment. Tout l’art des années 60 à nos jours est représenté. Les accrochages seront temporaires, fréquemment renouvelés et proviendront des 10 000 œuvres, soit 350 artistes qui forment la collection Pinault qui représente une certaine vision de l’art contemporain. Le plus intéressant à notre avis pour cette première visite (11h00-19h00 sauf le mardi, nocturne le vendredi jusqu’à 21h00 ainsi que le 1er samedi du mois, gratuit de17h00 à 21h00) sera d’admirer la transformation intérieure de l’ancienne bourse, les restaurations des fresques, les ajouts et l’impression que l’on retire de cet ensemble particulièrement peaufiné au cœur de la capitale et à deux pas du Louvre.

En ce qui concerne ce dernier (ouvert de 9h00à 18h00 sauf le mardi), outre la visite des collections permanentes facilitée par la raréfaction des touristes, nous conseillons deux expositions pour lesquelles  la réservation horaire est obligatoire. L’une, organisée avec le musée du Castello Sforzesco de Milan, intitulée « Le corps et l’âme, de Donatello à Michel-Ange » jusqu’au 21 juin comportant « plus de 140 œuvres. Cette exposition…dégage les principales lignes de force qui cheminent dans toute l’Italie durant la seconde moitié du Quattrocento pour aboutir, au début du 16e siècle, à un moment d’apogée de la sculpture de la Renaissance. La représentation de la figure humaine dans la diversité de ses mouvements prend alors des formes extrêmement novatrices ». L’intérêt est aussi celui de découvrir des  » artistes moins réputés, d’admirer des œuvres difficilement accessibles de par leur lieu de conservation (églises, petites communes, situation d’exposition dans les musées) ».

L’autre exposition « Figure d’artiste » jusqu’au 5 juillet dans la Petite Galerie « accompagne le cycle d’expositions que le musée consacra en 2019-2021 aux génies de la Renaissance : Vinci, Donatello, Michel-Ange ou Altdorfer« . En effet « c’est à la Renaissance que l’artiste affirme son indépendance et cherche à quitter le statut d’artisan pour revendiquer une place particulière dans la cité. Cette invention de la figure de l’artiste a cependant une histoire plus ancienne et complexe que l’ampleur des collections du Louvre permet de mesurer, des premières signatures d’artisans dans l’Antiquité aux autoportraits de l’époque romantique… Le  lien ancien entre les arts visuels et les textes  a conduit à inviter, cette année, la littérature pour un dialogue fécond entre textes et images.« 

Le musée Picasso (10h30 -18h00, ouverture à 9h30 le week-end et fermeture le lundi) propose jusqu’au 2 janvier 2022, en partenariat avec le musée Rodin une double exposition « Picasso-Rodin » déjà appelée « choc des géants« … »La confrontation des formes, l’usage des matières, la vibration du corps, on jongle avec les chefs-d’œuvre… un regard inédit sur ces artistes de génie qui ont ouvert la voie à la modernité dans l’art… L’exposition invite à une relecture croisée des œuvres de Rodin (1840-1917) et Picasso (1881-1973), ces deux grands artistes ayant durablement bouleversé les pratiques artistiques de leur temps pour les générations à venir. Il ne s’agit pas de montrer ce que Picasso a emprunté à Rodin, mais plutôt d’examiner les convergences signifiantes qui apparaissent entre l’œuvre de Rodin et plusieurs périodes de la production de Picasso ».

Tout à fait différente est l’exposition « Elles font l’abstraction » (11h00-20h00 sauf le mardi) du Centre Pompidou qui débute le 19 mai et jusqu’au 23 août, elle « ambitionne d’écrire l’histoire des apports des artistes femmes à l’abstraction à travers cent six artistes et plus de cinq cents œuvres datées des années 1860 aux années 1980.  Elle se concentre sur les parcours d’artistes, parfois injustement éclipsées de l’histoire de l’art, en revenant sur leur apport spécifique à l’histoire de l’abstraction. »

Signalons une exposition plus libertine mais très belle et très intéressante au musée Cognacq-Jay, « L’empire des sens, de Boucher à Greuze » jusqu’au 18 juillet (du mardi au dimanche10h00-18h00). « Au travers de trois grandes sections, l’exposition décline les temps du plaisir et les gestes amoureux, depuis la naissance du désir jusqu’à l’assouvissement des passions. Ce parcours déploie une polysémie amoureuse, de Watteau à Greuze, ponctuée par les créations de Boucher. Resserrée sur les œuvres les plus audacieuses, l’exposition propose de regarder ces inventions à l’aune des échanges entre artistes, en suivant les phénomènes d’émulation et de rivalité, jusque dans le dialogue particulièrement fécond avec la littérature libertine de l’époque« . Au total ce sont 8 salles à visiter présentant des chefs d’œuvre, certains ont été prêtés par des musées étrangers, dont le célèbre « Hercule et Omphale » de François Boucher.

Un prochain article traitera de la rénovation du musée Carnavalet qui sera inauguré le 28 mai prochain.

 

NB: Pour ceux qui souhaiteraient se rendre au théâtre il a falloir encore attendre car peu d’entre eux sont ouverts. Il est de même pour les concerts, excepté l’Opéra Bastille qui propose « La Dame de Pique » jusqu’au 12 juin.

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