Ya t’il une crise du logement à Paris ?

La presse ne cesse de pointer la prégnance d’une crise du logement qu’accentueraient notamment les difficultés économiques que nous traversons, la hausse des taux de crédit et la liste de plus en plus longue des normes sur les constructions qui se doivent d’être de plus en plus écologiques. Ces obstacles refroidissent bien des primo accédants et bien des investisseurs qui souhaitent réaliser de l’investissement locatif. Tout le pays semble touché.

Concernant Paris, dans son édition du 28 avril, Le Figaro écrit sous la plume de Stéphane Kovacs « Quant aux Parisiens, qui ont toujours un pouvoir d’achat immobilier parmi les plus faibles de France (29 m2 avec un budget de 300 K€) « la moitié oriente ses recherches en petite et grande couronne…« . Selon des professionnels « une majorité d’ex Parisiens choisissent les Hauts-de-Seine, le Val de Marne et la Seine Saint-Denis« .  Sur son site internet, la communauté d’agglomération Grand Paris Sud vante de son côté ses atouts. La grande couronne qui affiche des prix raisonnables gagne en effet elle aussi, après la petite couronne, en attractivité.

Villes moins denses, meilleure qualité de vie, moins de contraintes et des prix plus bas, telles sont les raisons de cette évolutions encouragées par la banalisation du télétravail. Ce phénomène touche peu à peu et de la même façon les grandes et moyennes villes de province. Le cas de Saint-Malo (46 000 habitants) est flagrant. La ville ne compterait plus intramuros que 10 000 habitants occupant leur logement à l’année, le solde étant constitué de locations saisonnières et de résidences secondaires. Inquiétant!

Force est de constater que le développement du tourisme dont on met en exergue le poids économique a favorisé  les plateformes de type Airbnb. Ce sont souvent ceux qui les ont favorisés qui s’en plaignent aujourd’hui ! Avec ce système une part non négligeable de logements sort du marché de l’immobilier obligeant les habitants à aller voir ailleurs, face non seulement à une raréfaction de l’offre, à la montée des prix et des taux de crédit, mais aussi aux lourdeurs administratives et au renforcement des exigences de conditions d’emprunt.

Dans ces conditions faut-il affirmer comme le président du Medef que « La France va au-devant d’une catastrophe  dans le domaine du logement » ? L’objectif visé dans cette déclaration comme dans celles d’autres spécialistes du secteur de la construction est d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur le ralentissement des mises en chantier de logements neufs ou de la rénovation du parc ancien et donc prévenir des probables difficultés. En 2022, il est vrai, les ventes dans le neuf ont chuté de 25% et pour le seul 1er trimestre de cette année la production de crédit a baissé de 42%. 

Que faut-il déduire de cette situation pour Paris plus spécifiquement alors que le Premier adjoint de la Maire a annoncé que la mairie tendrait à atteindre sur la mandature 40% de part de logements sociaux,  soit 15% de plus que le pourcentage fixé par la loi SRU. La ville a t’elle vraiment aujourd’hui les moyens de ses ambitions en la matière ? La mairie ne devrait elle pas plutôt restreindre drastiquement la part des logements voués à la location saisonnière, accentuer ses contrôles et encourager par des aides spécifiques avec des loyers « étudiés » les investisseurs privés de façon à mieux réguler le marché locatif plutôt que de le contraindre (loyers bloqués) ? La constitution récente d’une foncière visant à favoriser l’accès à la propriété de classes moyennes va dans ce sens. L’annonce faite récemment d’interdire la création de nouveaux meublés touristiques émanant de loueurs professionnels dans certains secteurs de Paris, si cette mesure est votée par la parlement puis véritablement appliquée, sera là encore une bonne chose. Restera la transformation des bureaux en meublés touristiques qui ne sont pas réglementés (les commerces le sont désormais)…Car si 43 000 meublés touristiques sont répertoriés dans la capitale, nombreux sont ceux qui estiment que beaucoup ne sont pas déclarés et qu’il en existe bien davantage. 

 

Plus de souplesse, moins de préemptions, travailler sur des mesures plus adaptées (investisseurs et primo accédants), mettre la pédale de freins sur les normes multiples et en revanche accroître les contraintes à l’encontre des plateformes de type Airbnb rendraient indéniablement le marché moins tendu et contribueraient à le fluidifier.

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