2022, une très mauvaise année pour la RATP

Les médias ont récemment souligné combien le bilan de l’année 2022 était catastrophique pour la RATP qui perd 26 millions d’€ après en avoir gagné 207 en 2021, année où le trafic, du fait du Covid et du développement du télétravail, n’avait pourtant pas retrouvé son niveau d’avant la pandémie. En 2022, celui-ci est d’ailleurs toujours inférieur de 14% par rapport au trafic enregistré en 2019.

Les dysfonctionnements auxquels sont confrontés les usagers, retards, bus supprimés et bondés, comme le sont souvent les rames de métro, trouvent leur traduction dans les résultats annuels qui viennent d’être publiés. Le non respect des obligations contractuelles  avec l’organisme de tutelle, Ile de France Mobilités, a coûté 36 millions d’€ de plus qu’en 2021 en pénalités ! Ces constats ne sont pas réconfortants à l’approche de Jeux Olympiques et de l’ouverture à la concurrence des bus dès 2025.

A qui la faute ? La première réponse donnée porte sur le manque de conducteurs. 1 500 recrutements ont été lancés mais les candidats sont peu nombreux et il semble que la Cour des comptes ait soulevé ce point de difficulté il y a plusieurs années déjà sans qu’une anticipation suffisante ait été mise en place. Est-ce que des mesures à la hauteur de l’enjeu suffisantes ont été prises par les décisionnaires ? S’agit-il d’une fatalité conjoncturelle ? D’autres opérateurs de transport (Transdev, Keolis…) ne sont pas confrontés aux mêmes difficultés ou tout le moins avec la même ampleur. S’il manque des conducteurs c’est aussi le fait de démissions (170 annoncées par l’année passée) et d’un absentéisme très élevé.

La situation actuelle tiendrait aussi à l’ouverture prochaine à la concurrence qui amènera 18 000 collaborateurs à changer d’employeur ? Dans cette perspective des efforts de productivité ont été entrepris qui se sont traduits par un temps de travail plus long et la mise en place d’une prime d’assiduité. Mais les grèves perlées retrouvent curieusement de la vigueur.

La présidente d’Ile de France Mobilités qui est aussi la présidente de la région se défend des critiques faites à son encontre sur un défaut d’anticipation du retour du trafic, la pandémie passée. Le jeu, une habitude bien française, a consisté aussi, alors que les problèmes ne sont toujours pas résolus, au renvoi des responsabilités entre Ile de France mobilités et la RATP ?  Ajoutons à ce tableau peu flatteur l’augmentation du coût de l’énergie qui impacte la RATP comme tous les autres acteurs.  

Au sein de ce tableau seules les filiales RATP Transdev connaissent une embellie, + 10% de croissance sur la période.

Le nouveau président de la RATP, ancien premier ministre s’est attelé à la fragilité de la RATP, il a promis une reprise du service à 100% en avril. Quelques indices laissent croire que c’est possible. Augurons qu’il en soit ainsi, mais les dégâts causés par ces dysfonctionnements longs et à répétition ont terni l’image de la Régie. Des usagers s’en sont détournés et il faudra beaucoup de temps à la RATP pour retrouver son image d’efficience et de service public désormais très écornée. 2024 et les JO approchent à grands pas, quelle sera alors la situation dans les transports en commun ? Nos visiteurs ne manqueront pas de relever les points de faiblesse et compareront la qualité du service à celle de leur pays. Une situation ennuyante si nous voulons exporter notre savoir-faire dans ce domaine !   

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