Après les JO 2024, que restera t-il ? L’exemple de Londres

Londres n’est pas Paris et Paris n’est pas Londres. Néanmoins plusieurs études ont été publiées sur l’après JO à Londres, pouvant servir pour Paris de référence sur ce qui a marché et ce qui n’a pas marché. L’une émane d’étudiants de l’Ecole urbaine de Sciences Po (« l’Héritage des Jeux olympiques de 2012« ) présentée à la Cité de l’Architecture et du patrimoine en 2016, une autre d’Atlantico publiée le 26 juillet 2022 a été reprise dans Le Figaro du 3 septembre dernier sous le titre « La mue inachevée de Londres dix ans après les Jeux Olympiques« .

Que retenir de ces publications et quel enseignement en tirer ?

Le plus souvent les infrastructures construites pour les Jeux olympiques sont délaissées et l’on sait que les dérapages budgétaires sont toujours au rendez-vous.

Les autorités en charge des JO de Londres lors du lancement du chantier des Jeux ont choisi de réhabiliter l’est de capitale du Royaume-Uni en annonçant la création de 30 à 40 000 nouveaux logements abordables. A ce jour, il n’y en a qu’un peu plus de 3 000, beaucoup ayant été détruits entre temps et les loyers ayant grimpé ils ont perdu leur statut de « social ». La municipalité de Londres indique qu’il s’agit d’une opération de long terme et que d’autres seront construits. En fait ce sont des nouveaux habitants assez aisés qui occupent ces  habitations au détriment des plus modestes, habitants historiques des lieux sensés pourtant bénéficier de ces aménagements modernes. Nouvelle population qui paradoxalement attire des entreprises (start-up …) en décalage avec les métiers que pourraient occuper les habitants historiques. 

De nombreux investissements ont été faits dans des « éléphants blancs » c’est-à-dire des infrastructures (sécurité, presse  et autres fonctions spécifiques) qui n’ont plus d’utilité après la manifestation, mais restent maintenus et coûtent cher en maintenance avant malheureusement d’être fermés. Or leur coût de construction est à l’évidence le même que des édifices plus pérennes. Et il n’a pas été prévu de les transformer en logements.  

Au plan des retombées économiques des JO, les chiffres varient selon les sources et les spécialistes critiquent abondamment les données même les plus officielles faute d’être suffisamment étayées et restant difficiles à estimer.  Les principaux bénéficiaires sont les entreprises de BTP, de communication et d’événementiel. Certes le quartier de l’est londonien a été réhabilité et désenclavé mais l’ancien village olympique est « habité par une population aisée ou des riches  étrangers » et le secteur est davantage fréquenté par les touristes. Certains équipements sportifs sont restés. Les jeux ont servi de vitrine pour Londres mais, conclut une des études, « il n’y a guère eu de bénéfice de long terme pour les populations les plus modestes », les anciens habitants continuent de se rendre dans l’ancien centre commercial et non dans le nouveau traduisant une véritable «  fracture urbaine« . C’est sans doute là où le bas blesse le plus.

Ce décalage par rapport aux objectifs initiaux mérite analyse. La reconversion des lieux reste une gageure, le constat au fil des jeux qui ont eu lieu depuis plus d’un siècle montre que ce sont en principe surtout des « retombées d’image » et pécuniaires (les droits audiovisuels et commerciaux) qui priment.  Comme toujours ou presque les promesses sont destinées à ceux qui veulent y croire et sont à la mesure de la volonté de voir sa candidature retenue. C’est un peu comme lors des élections, finalement il y a  loin de la coupe aux lèvres! Il n’empêche qu’à Londres l’ambition développée en matière de logements n’a pas donné les résultats escomptés. Les causes sont sans doute multiples, d’ordre financier,  politique,  économique, administratif voire intrinsèque mais le résultat est là, très en deçà des attentes et fait craindre des lendemains qui déchanteront aussi à Paris et sa proche banlieue. Que restera-il finalement des Jeux olympiques de Paris 2024 ?

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