Chassons les voitures, vive les scooters! Selon le même schéma que pour les bicyclettes puis les trottinettes, nos rues et nos trottoirs (non occupés pas les terrasses) voient fleurir des acteurs qui veulent doter la ville de scooters. Plusieurs sociétés visent Paris comme nouvel eldorado de ces deux-roues motorisés. il s’agit des start-up « Cooltra » et « Tego » qui sévissent déjà dans d’autres métropoles en Espagne et en Italie mais aussi Bordeaux. Elles prévoient de mettre en circulation plusieurs milliers de véhicules chacun. Or depuis 5 ans Cityscoot exploite déjà 3 800 scooters dans la capitale ! De son côté « Lime » va bientôt atteindre les 1 000 véhicules. Cela va faire beaucoup de scooters dans l’ensemble de la ville. Des acteurs concurrents tels « Coup » filiale du groupe allemand Bosch se sont pourtant retirés du marché parisien.
La location repose sur une facturation à la minute et un système de réservation ultra simple via son smartphone. La guerre est donc ouverte et curieusement ces entreprises arrivent toutes en même temps, le « fromage » en vaut certainement la chandelle!. Avec des termes enchanteurs de « free floating« , de « déplacement doux », de « partage harmonieux de l’espace public« , nous oublierions presque que si l’enjeu est à moyen terme juteux en termes financiers, il faut néanmoins que les impétrants aient les reins solides, les premières années se soldent en effet par des pertes parfois abyssales et au final le « business » n’est partagé que par quelques-uns, les autres concurrents ayant été obligés d’abandonner.
Aussi allons nous voir fleurir des milliers de deux-roues aux couleurs attractives dans nos rues qui rouleront nuit et jour amenant leurs nuisances et de la pollution bruit… . N’en doutons pas non plus, beaucoup seront laissés de façon anarchique sur les trottoirs, d’autres seront dégradés, volés et jetés dans la Seine ou serviront au livreurs afin de se faufiler parmi les kilomètres de bouchons quotidiens. Quid aussi de la prise ne main nécessaire pour les novices, un scooter n’est pas une trottinette? Il y aura malheureusement des accidents! La ville commence à se rendre compte que les trottinettes roulant trop vite et faisant des blessés et des morts représentent un véritable danger pour les piétons. Des villes en France et à l’étranger ont d’ailleurs interdit ces engins…
Quid des places de stationnement dédiées nécessaires. Nous risquons fort d’assister à un bis repetita de ce qui s’est passé lors de l’arrivée des vélos et de trottinettes. On oubliera au passage que la fabrication de ces machines, notamment de leurs batteries, n’a rien d’écologique bien au contraire, mais qu’importe, il faut que jeunesse s’amuse (le permis de conduire ou le brevet de sécurité routière est nécessaire pour accéder à ce service) et c’est plus drôle de polluer ainsi, certes de façon un peu moindre, plutôt qu’avec une automobile honnie par la mairie.
Ne nous y trompons pas, bien que la mairie soit assez muette sur le sujet, les articles de presse consacrés à ce sujet parlent déjà de « foire d’empoigne » de « concurrence à couteau tiré« , pour gagner la bataille des acteurs n’hésitent pas à mettre en avant leur maillage en banlieue. Le piéton est devenu le grand oublié et le grand perdant de ces évolutions encouragées par la mairie. L’espace qui lui est dédié est de plus en plus réduit à la portion congrue en raison de la multiplication des terrasses, des bicyclettes, des trottinettes, des motos et autres engins que viennent maintenant compléter les scooters. Sur le plan sécuritaire enfin il se trouve de fait de moins en moins protégé (*) et soumis à la pollution atmosphérique et au bruit. Il a de plus en plus de mal aujourd’hui à comprendre ce qu’est une « mobilité douce » dans un tel environnement défavorable (voir l’article de Christine Clerc intitulé « Rapidité, liberté irresponsabilité: la devise de Narcisse à trottinettes » paru dans le Figaro du 28 juin 2021).
(*) La mairie a senti le besoin de publier sur son site des recommandations sous le titre « Piéton, cycliste, automobiliste…, ensemble restons prudents«