Malgré moult dénégations d’élus, les chiffres parlent d’eux-mêmes. La pandémie dès après sa survenance a provoqué chez nombre de Parisiens « une frénésie » de déménagements bien plus élevée que dans l’ensemble de l’hexagone. Si un pic a été constaté en France en septembre dernier (+ 126% par rapport à la période qui a précédé la covid 19, selon le baromètre Linkedin), la tendance s’est maintenue à un rythme soutenu ensuite. Outre la petite couronne parisienne, les partants rejoignent des villes telles que Montpellier, Marseille, Rennes, Toulouse et Strasbourg qui apparaissent comme les plus attractives. C »est à Paris qu’est constatée la plus forte proportion de salariés qui, tout en conservant leur emploi, quittent la ville. Les départs sont supérieurs aux arrivées (-17,6% des arrivées par rapport aux départs).
Nombre de secteurs d’activité sont concernés qu’il s’agisse de l’éducation, de la grande distribution, du tourisme ou des médias-communication. Il ne faut pas non plus négliger tous ceux qui ont démissionné ou vont le faire. A ce titre les domaines les plus touchés, la santé (3 500 postes actuellement vacants) et l’hôtellerie (le nombre d’hôtels en difficulté ou en passe de l’être ou se reconvertissant est significatif selon les professionnels du secteur) accentuent sensiblement le phénomène. Soumis aux aléas de la pandémie et à la vie difficile dans la capitale beaucoup de salariés en effet, mal logés, se sentant méprisés, fatigués et dépités, se remettent en question et s’orientent vers d’autres métiers en province où ils trouvent une qualité de vie bien plus agréable, moins stressante, moins coûteuse et de la considération. Les statistiques de fréquentation établies par la RATP sont sans appel, le nombre de voyageurs transportés est en chute libre et ne remonte pas à son niveau d’avant le pandémie. La régie cherche la meilleure façon de se diversifier. En attendant, Île de France mobilités (c’est-à-dire la région et au final l’Etat, donc les contribuables) compense son déficit.
N’écoutons donc pas les sirènes municipales qui ne cessent de vanter « l’apaisement de l’espace public », « les mobilités douces », Paris Plage, « les projets citoyens », « l’urbanisme tactique », « les actions inclusives et résilientes », « la co construction » et le clou, faire des Parisiens « des acteurs de la participation citoyenne et de l’innovation démocratique ». Tout un jargon d’entre-soi qui éloigne nos édiles de la réalité du terrain et les conduit à faire de notre capitale une ville de la fête avec la multiplication quasi incontrôlée des bars et des terrasses provoquant du bruit (nuit et jour) insupportable et accentuant la malpropreté. Une ville-laboratoire de l’écologie punitive où les habitants ne sont plus écoutés mais méprisés. Une ville où les embouteillages, accentuant la pollution atmosphérique, sont légion du fait de décisions de piétonisation prises sans concertation véritable conduisant à la permanence de travaux dans tous les quartiers qui aggravent les difficultés de déplacements devenues, pour beaucoup, de plus en plus intolérables. Une ville où circuler à pied devient une gageure du fait du rétrécissement progressif de l’espace public et où les incivilités de certains conducteurs de trottinettes et autres engins mettent les piétons en danger.
Alors il ne faut pas s’étonner de ce mouvement d’exode significatif de Parisiens depuis un an et demi. Ne nous laissons pas leurrer par le discours officiel minimisant le phénomène car il s’agit du résultat d’une politique délibérée que la pandémie met cruellement en exergue et qui rattrape nos élus au demeurant assez indifférents.