Depuis plusieurs années les esprits s’échauffent quant à l’échéance à laquelle nous verrions rouler des voitures autonomes et dans leur sillage des taxis sans chauffeur. Or en quelques semaines des articles de revues spécialisées et des avis donnés par des experts tendent à démontrer que ces automobiles nouvelles sont « hors de portée ». Pourtant leur arrivée était annoncée pour 2018. 5 ans après, il faut admettre qu’il s’agissait d’un rêve, même pour Tesla à la pointe de l’innovation, nous ne verrons pas avant longtemps des taxis autonomes dans la capitale. Pourquoi ?
La crise du Covid, la raréfaction des composants et le investissements colossaux imposés pour le développement de la voiture électrique ont éclipsé les projets de véhicule sans chauffeur. Si quelques villes en Chine et aux Etats-Unis ont autorisé les « taxis robots » et tentent de les développer au travers de sociétés filiales de Google ou General Motors ou du Chinois Baidu, les contraintes sont importantes. Ainsi, la technologie utilisée limite leur espace d’intervention, un périmètre géographique restreint est alloué à ces véhicules, de même qu’un créneau horaire. Des accidents restent possibles et il s’en est produit à San Francisco, le robot n’apparait donc pas fiable à 100%. Autre fait aggravant, les investissements nécessaires pour mettre au point ces véhicules du futur atteignent des sommets. Les entreprises engagées dans ces projets tâtonnent encore.
Face à ces constats, la voiture individuelle autonome a du plomb dans l’aile. De plus en plus sophistiquées, les voitures actuellement produites disposent de fonctions intelligentes d’assistance via des capteurs et des caméras (scanners à balayage infra rouge appelés lidars qui jaugent l’environnement du véhicule, contrôle de vitesse de distance, freinage d’urgence, détection de l’angle mort, identification des panneaux de signalisation …). Mais elles ne peuvent pas rivaliser avec la technologie liée au robot utilisé pour les taxis. Cela demanderait « des capacités logicielles et de calcul énormes » donc extrêmement coûteuses à mener à bien entraînant un prix de vente exorbitant. La voie serait plutôt de favoriser les équipements d’aide à la conduite qui rendront la voiture plus intelligente, le prix sera fonction du niveau d’autonomie procuré. Ajoutons que les automobilistes désactivent souvent ces fonctions d’assistance lorsqu’ils prennent le volant. Autant dire qu’ils ne sont pas prêts et donc encore moins pour la voiture autonome.
Quant aux taxis sans chauffeur à Paris et plus largement en Europe, nous avons un train de retard sur les Etats-Unis et la Chine. Des projets existent mais ce n’est pas encore demain que nous pourrons les utiliser pour nous déplacer. L’annonce faite par Intel de faire circuler des taxis Ford Mondeo autonomes dans les rues de Paris semble avoir tourné court. Ajoutons que dans les villes où l’expérimentation a eu lieu, l’inquiétude des habitants se manifeste par une hostilité marquée (peur de accidents, insécurité…). N’oublions pas non plus qu’un véhicule autonome émet des gaz à effet de serre en raison de l’électricité qu’il faut pour faire fonctionner l’ensemble du système ? Autre difficulté, les changements continuels de sens de circulation ainsi que nous le constatons dans notre arrondissement nécessiteraient des modifications récurrentes de programmation des véhicules en question, complexifiant le système.
Sources : – Le Figaro du 23 août 2023. « Voiture autonome, la fin d’un rêve » (Valérie Collet)
– Numerama du 20 février 2023 (Raphaëlle Baut)
– Capital du 30 mai 2023
– L’Automobile Magazine du 21 décembre 2021