Ainsi que nous l’avons déjà indiqué, de plus en plus d’automobilistes font savoir qu’ils sont rétifs à l’instauration de Zones à Faibles Emissions (ZFE) dont l’objectif est de ne plus autoriser la circulation des véhicules les plus polluants. C’est-à-dire ceux classés Crit’Air 3, 4 et 5.
Introduite par la loi d’orientation des mobilités en 2019 qui ne concernait que 11 agglomérations dont Paris, ce sont désormais toutes les villes de plus de 150 000 habitants (45 au total) qui sont concernées depuis le vote de la loi « climat et résilience » de 2021. Certaines agglomérations à majorité verte plus zélées que d’autres ont même devancé le calendrier en appliquant ces contraintes dés à présent alors que la date fatidique d’entrée en vigueur est fixée à 2025. Voulant aller trop vite, plusieurs d’entre elles sont obligées face à la bronca des habitants d’en passer par des moratoires afin de laisser la place aux explications et à la concertation. Socialement ces décisions ne passent pas et peuvent devenir rapidement le ferment d’actions d’ampleur de type « Gilets jaunes ». La presse n’hésite pas à titrer, à l’aune de déclarations d’élus qui se souviennent des dégâts causés par la limitation de vitesse à 80 Km/h, que ces ZFE sont une « bombe sociale ».
On compterait en effet en France selon les sources, environ 10 millions de véhicules Crit’Air 3, 4 et 5. Des opérations escargot, la constitution de collectifs dénonçant ces interdictions mises en place ou programmées commencent à être recensées. Leur fondement repose sur la discrimination sociale induite par cette mesure, de surcroit après plusieurs confinements douloureux, en pleine crise économique inflationniste et dans un contexte déjà tendu sur la réforme des retraites. Beaucoup de ménages ne peuvent pas changer leur véhicule et il est ridicule de leur dire de prendre une bicyclette ou une trottinette en remplacement, voire d’emprunter des transports en commun qui n’existent pas ou fonctionnent bien mal à Paris en particulier. Pour nombre de personnes, ils ne peuvent pas servir suffisamment de moyen de transport de compensation. C’est ainsi que sont exclus les habitants le plus souvent aux revenus modestes, des campagnes et des banlieues.
Certes la qualité de l’air est très importante, mais faut-il agir de manière presque « ayatollesque » (l’exemple des conditions de fermeture de la rue de Rivoli est resté dans les mémoires), comme le prétendent certains ? Conscient de l’enjeu le ministre de la transition écologique estime qu’une grande campagne de communication est nécessaire pour permettre aux Français de mieux comprendre la finalité de cette nouvelle réglementation face à l’urgence climatique. Pense-t-il que la contestation va s’arrêter pour autant ? Cherche t-il à gagner du temps ? Certains maires n’entendent pas remettre en cause leur décision d’interdire les automobiles ne répondant pas aux normes édictées, ils veulent même mettre en place des radars (point ne figurant pas d’ailleurs dans les textes de loi cités supra) afin de verbaliser ceux qui outrepasseraient ces règles !
A l’aune de ces exemples, nous devons prendre conscience que l’écologie punitive est en marche. Tel est le cas à Paris où tous les moyens sont bons pour éradiquer coûte que coûte l’automobile du paysage. Malheureusement il importe pour certains d’être plus zélés que d’autres communes, de se distinguer, d’être le premier à fermer tout un quartier à la circulation comme ce qui est en cours dans le Marais, le premier à supprimer le plus de places de stationnement possibles en les transformant en terrasses de bars etc. Rétorquer aux objections sur ces décisions en précisant que peu de Parisiens possèdent une voiture, que traverser Paris en automobile ne sera bientôt plus possible pour un non Parisien (mais aussi pour un Parisien vu les entraves à la circulation mises en place partout dans la capitale), que des trottinettes et vélos sont à la disposition des usagers en remplacement, fait partie de la rhétorique habituelle.
Enjamber le mécontentement comme s’il n’existait pas n’est pas très habile de la part de nos édiles qui ont poussé le bouchon trop loin. Il peut à tout moment, telle une bouteille de champagne, sauter, avec toutes les conséquences que l’on imagine. Paris n’est pas une forteresse, encore moins une ville-cobaye de l’idéologie écologiste punitive. Nous ne payons pas nos impôts pour subir de tels contraintes et désagréments sous couvert de diktats écologiques excessifs afin de pouvoir offrir au final aux visiteurs une vitrine de super héros de l’écologie lors des jeux olympiques, quitte à oublier les discriminations sociales que cela provoque.