Est-ce vraiment la fin des trottinettes électriques à Paris?

Après avoir laissé se développer les trottinettes électriques  en libre service où « free floating » que se partagent 3 entreprises [ Dott (start-up néerlandaise fondée par deux Français), Lime ( l’actionnaire majoritaire est l’américain Uber) et Tier une start up française)], la mairie de Paris comme chacun sait a organisé un référendum réservé aux Parisiens le 02 avril. Ils doivent se prononcer pour ou contre le maintien de ces engins en libre service dans la capitale.

Nos élus concernés, à savoir la Maire de Paris et son adjoint aux transports du groupe Ecologie les verts ne cachent pas leur volonté d’interdire ces deux-roues. David Belliard a pris la peine d’adresser un mail pour faire connaitre sa position soulignant l’anarchie régnant quant à leur utilisation, les accidents recensés (408 en 2022) et rappelant l’encadrement déjà mis en place. Il ajoute que « les trottinettes en libre-service continuent d’être l’objet d’incivilités et d’insécurité dans nos rues., Circulation sur les trottoirs, circulation à deux (NDLR : voire plus) sur un engin, stationnement n’importe où et surtout sur les trottoirs sont autant d’entraves aux piétons, sans parler des personnes à mobilité réduite, déficientes visuelles ou des parents avec poussette pour qui une trottinette jetée sur un trottoir est bien souvent un obstacle peu surmontable… La situation est inquiétante lorsqu’on sait qu’un accident sur trois impliquant une trottinette conduit à une hospitalisation.  »  Plus loin il s’étonne «  d’un moyen de transport utilisé majoritairement par des hommes, des cadres, des personnes valides et/ou des touristes, pour parcourir de faibles, voire très faibles distances, que les usagers auraient majoritairement fait à pied, à vélo ou en bus. » Il rappelle enfin  » C’est oublier bien rapidement que la ville est également destinée aux enfants, aux personnes âgées et aux personnes en situation de handicap qui ont tout autant le droit de profiter d’un espace public sûr et agréable. »

Après de tels reproches justifiés que nous dénonçons depuis l’arrivée de ces engins en 2018, l’édile demande de se mobilier ce dimanche en votant comme lui et les élus écologistes pour l’interdiction des trottinettes en libre service à Paris. Il est temps! Curieusement d’ailleurs l’office du tourisme de Paris qui est une émanation de la ville de Paris et de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris (CCI) fait pourtant la part belle à Dott. Nous reprenons ci-après in extenso le texte qui figure sur son site concernant ce dernier «  Découvrez une nouvelle façon de visiter Paris ! Dott est un opérateur responsable de trottinettes et vélos électriques en libre service à Paris. L’entreprise met à disposition 5.000 trottinettes et 3.000 vélos électriques dans toute la ville. Le service est disponible 7j/7, 24h/24. Pour l’utiliser il suffit de télécharger l’application Dott et de scanner le QR code sur le véhicule devant vous après avoir créé un compte. Rien de plus simple ! » Etonnant puisque d’un côté on souhaite éradiquer les trottinettes en  libre service et de l’autre on vante leur intérêt…

Citée pourtant par les élus comme faisant partie des mobilités douces, la trottinette en libre service est devenue désormais  « personae non grata « . Mais qu’en est-il et qu’en sera t-il des patinettes qui appartiennent en propre à leurs utilisateurs? Rien n’est dit à leur encontre, il semble qu’elles ne sont pas concernées par le référendum (ou votation pour reprendre un terme suisse utilisé par la mairie). Or elles ne sont pas bridées, elles roulent elles aussi sur les trottoirs et représentent un danger pour les piétons et les automobilistes ou conducteurs de bus. Moins nombreuses par rapport aux 15 000 proposées en libre service (400 000 utilisateurs recensés  chaque mois), elles n’en sont pas moins dangereuses! Tout au plus le résultat de cette consultation permettra de réduire le nombre de trottinettes en circulation mais il en restera toujours appartenant en propre à leur conducteur qui causeront les mêmes problèmes.

Sur un autre plan, il importe de souligner l’enjeu que représente ce référendum pour les entreprises exploitant les trottinettes en libre service. Elles font tout ce qui leur est possible actuellement  (essais gratuits pour ceux qui iront voter, représentants présents lors du dépouillement des votes…) pour éviter que Paris ne leur soit pas interdit. Le « business » parisien est le plus important pour elles, il est crucial et une interdiction pourrait remettre en cause leur modèle économique car Paris serait l’une des villes  » les plus rémunératrices« … Cependant Lime serait pour le moment la seule société dégageant des bénéfices. Le risque est grand que d’autres villes suivent les pas de Paris en cas d’interdiction et que les apporteurs de capitaux, des grands groupes et des fonds d’investissement, se détournent de cette activité.  Enfin, dernier point et non des moindres, un arrêt à Paris aurait pour conséquence des licenciements, l’activité bicyclettes ne suffira à ceux qui offrent les deux services,  à  reprendre tous les salariés (maintenance, réparation entretien …).

La situation présente illustre bien les conséquences d’une décision prise bien trop tardivement et sous la pression des habitants qui n’ont pas été écoutés au départ et n’en peuvent plus de l’insécurité générée par ces engins qui ont prospéré sous prétexte de lutte contre le climat.

 

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