Les récentes données relatives à l’insécurité et à la délinquance collationnées par la préfecture de police de Paris et communiquées aux élus parisiens sous forme de fiches trimestrielles viennent d’être récemment publiées dans la presse. Que faut-il en retenir sur un plan général et plus particulièrement sur Paris Centre ?
Tout d’abord les chiffres du 1er semestre 2021 montrent que Paris est dans la situation des autres grandes et moyennes villes. Elle est soumise avec quelques spécificités aux braquages, cambriolages, crimes, affaires de drogue, agressions d’échelles, violences conjugales que la pandémie fait fortement monter, ventes à la sauvette, débits de boissons en infraction pour lesquels 1100 PV ont été dressés. Le préfet souligne que le télétravail et la forte baisse des touristes ont réduit de moitié les flux dans Paris, aussi des pondérations sont-elles utilisées y compris selon la densité de population par arrondissement.
Globalement ce sont les constats d’infraction à la législation sur les stupéfiants qui ont le plus cru (+ 61% soit 7 500 PV dressés en 6 mois!). Sur la même période les agressions ont atteint le nombre impressionnant de 19 000, ce qui correspond à 110 par jour dont 20% du fait de mineurs. La préfecture a enregistré 1 200 violences crapuleuses lors de vols ( + 27%), 1 400 violences sexuelles ( + 12%) et 8 000 violences conjugales (+ 9%). Les vols d’automobiles ont crû de 11%. Les destructions et dégradations ont quant à elles stagné car des manifestations malgré la pandémie ont continué à avoir lieu. Rapportés aux 2 100 000 habitants que compte Paris ces chiffres peuvent apparaître relativement bas. En fait ce sont plus les taux de progression sur cette période (6 mois) qui sont inquiétants. Seules les atteintes aux biens, encore élevées (75 000), sont en baisse (-10%) et de surcroît cette diminution est établie par rapport au 1er semestre 2020, période où nous étions confinés.
Pour ce qui concerne notre arrondissement Paris Centre, il est celui où sont commis le plus grand nombre de cambriolages (125 par mois). Cela traduit sans doute un certain «embourgeoisement» de nos quartiers lié au prix de l’immobilier ce qui attire immanquablement les voleurs. Mais Paris Centre est plutôt dans la moyenne basse par ailleurs.
On apprend, ce qui est encourageant, que les affaires d’atteinte à l’intégrité physique, d’atteinte aux biens et de cambriolages ont connu des taux d’élucidation en progression respectivement de 15, 6 et 9%. Et la palme de la meilleure efficacité en ce domaine revient au commissariat de Paris Centre (+ 47% pour les violences et + 30% pour les cambriolages), ce qui est rassurant.
Ces données intéressantes devraient être riches d’enseignements pour notre Maire et sa police municipale. Les 5 000 policiers que devraient compter dans ses rangs la DPSP (Direction de la de la prévention de la sécurité et de la protection) en 2026 (1 500 agents sont encore à recruter) comprendra 3 400 agents ayant des fonctions de police, c’est-à-dire ceux non affectés aux jardins et parcs municipaux, aux mairies, à la médiation et aussi correspondants de nuit appelés AAS (agents d’accueil et de surveillance). La DPSP comprend aussi des ISVP (inspecteurs de sécurité de la ville de Paris), des ASP (agents de surveillance de Paris) auparavant rattachés à la préfecture. Les premiers policiers municipaux issus de la loi de sécurité globale et dont la mise en place a été votée au conseil de Paris de juin dernier feront leur apparition dans les prochaines semaines seulement. Ils ne disposeront d’aucune arme de poing, si ce n’est un bâton, des menottes, une caméra piéton, un gilet pare-balle et une bombe lacrymogène. Certains élus regrettent ce choix et qualifient ces agents de « police des incivilités et de la médiation », disons plus simplement de la « tranquillité publique« . Les affaires de maintien de l’ordre, de drogue et autres délits restent du ressort de la police nationale qui sera seule habilitée à effectuer des contrôles d’identité.
On peut espérer que déchargée des petites affaires qui seront du ressort de la police municipale, la police nationale montrera davantage d’efficacité encore en disposant de plus de temps à consacrer aux affaires de son ressort. En effet, la délinquance a globalement progressé de 6% sur la période concernée et elle doit se préparer à assurer la sécurité durant les JO de 2024 s’ils sont maintenus, un chantier qui est une réelle gageure!
Quant à la DPSP peu visible encore, les Parisiens attendent son déploiement pour juger de son action face aux incivilités qui ont véritablement explosé dans notre ville. N’oublions pas de mentionner aussi, cela ne transparaît pas dans les statistiques de la préfecture, le mouvement de fond constitué de la délinquance immatérielle (internet…) et des violences contre les forces de l’ordre et les représentants de l’autorité publique. Toutes deux connaissent en effet une hausse exponentielle.