Le chantier de Notre-Dame avance. Il suffit de regarder la diminution progressive et très nette de la hauteur de l’échafaudage situé sur le toit de l’édifice. Ce travail devrait être fini à Noël avec l’enlèvement des débris de la charpente du XIIIe siècle. Il faut une nouvelle fois saluer le travail difficile, méticuleux et périlleux des cordistes qui enlèvent un à un les milliers d’éléments de cet entrelac de tubes soudés par l’incendie.
Après « le retour en force des partisans d’une restauration fidèle » comme le titrait la presse début juillet, le lancement d’un concours international d’architectes suite au déclarations du Premier Ministre juste après l’incendie est tombé à l’eau. Il aurait été difficile au demeurant de lancer ce concours, non seulement parce que le délai fixé ne permettrait pas de tenir la date butoir de fin du chantier en 2024 pour les Jeux Olympiques, mais aussi parce que la pandémie de la Covid est passée par là entre temps.
La flèche sera donc refaite à l’identique avec ses 16 statues de cuivre dont 3 d’entre elles restaurées par un atelier spécialisé de Périgueux sous l’égide de la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) Ile de France (*) sont exposées à la Cité de l’architecture et du patrimoine depuis le 16 septembre et jusqu’à leur repose sur Notre-Dame. La statue de Saint-Thomas représentée sous les traits de Viollet-le-Duc sera la dernière a être restaurée. Le terme de la restauration de ces pièces est programmée aux alentours de fin mars prochain.
En revanche restaient en suspens la charpente (sera t-elle refaite en bois, matériau inflammable ou en béton ?) et la couverture (en plomb ou non ?). Sur ces points comme pour la flèche la commission nationale de l’architecture et du patrimoine (CNPA) qui réunit élus, architectes et experts, a rendu un avis consultatif pour la reconstruction à l’identique qu’ont suivie les autorités compétentes. Les préconisations du rapport de 3 000 pages établi par l’architecte Philippe Villeneuve, reconnu comme le meilleur connaisseur de la cathédrale, ont servi de base pour les discussions au sein de la CNPA et permis d’emporter la décision.
Nous avons noté aussi que l’établissement public (*) en charge de Notre Dame a lancé le 12 octobre, avec retour avant le 1er novembre, un appel à compétence pour la restauration de l’édifice (y compris la consolidation, la conservation et la sécurisation de l’édifice). Sont concernés les artisans maîtres d’art et entreprises (sculpture, vitraux, pierre, maçonnerie, métal, charpente, couverture, serrurerie, ferronnerie, menuiserie bois, peintures murales, plomb…) pour ce chantier hors norme « vitrine de l’excellence de ces corps de métiers et savoir-faire, souvent peu ou mal connus, alors même qu’ils sont des métiers d’avenir.«
Malgré le confinement de printemps puis celui de cet automne, malgré certaines déclarations et interventions d’architectes qui auraient souhaité une touche contemporaine à l’édifice, le chantier de la restauration à l’identique de Notre-Dame avance bien et il nous tarde de voir l’édifice retrouver sa magnificence.
(*) Rappelons que l’établissement public qui a été créé par décret du 28 novembre 2019 est chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris (EPRNDP). La DRAC quant à elle assure la maîtrise d’ouvrage des éléments mobiliers, ainsi que du contrôle scientifique et technique dans le cadre des travaux. Les archéologues de la DRAC sont également mobilisés dans l’étude des vestiges. par décret du 28 novembre 2019.
NDLR: Après la rédaction de cet article, une nouvelle polémique est née à la suite de la proposition de l’archevêché de Paris de profiter de cette restauration pour installer des vitraux et du mobilier contemporains. La querelle entre les tenants de la restauration à l’identique et ceux plus enclins à laisser une empreinte de modernité est donc réouverte.
Il me semble que si nous disposons de bons artistes contemporains il serait heureux d’y recourir pour le mobilier et les vitraux. Pourquoi en effet faudrait-il figer la cathédrale dans l’ état du XIXè siècle ? Un édifice religieux doit aussi pouvoir rendre compte de la foi telle qu’elle s’exprime à travers les siècles, y compris le nôtre.