Le Châtelet retrouvera t-il son aura?

La presse dresse un bilan mitigé du théâtre du Châtelet depuis sa réouverture en 2019 après de lourds travaux de restauration. Le Figaro, dans un article des 7 et 8 octobre, intitulé « Le Châtelet navire amiral de la ville de Paris, toujours en rade », n’hésite pas à souligner que la nomination du médiatique Olivier Py n’a pas « permis le réveil de la Belle au bois dormant »!
Les jeux olympiques approchant la mairie ne tient pas à afficher un échec et pourrait tenter selon certaines sources un rapprochement avec le théâtre Sarah Bernhardt (ex Théâtre de la Ville) qui lui fait face et dont les longs travaux de réaménagement viennent de se terminer (voir notre article du 19 septembre 2023). Il est assez symptomatique en effet que 2 théâtres si proches, sous la même tutelle, ne puissent partager leurs  moyens. Par exemple Le Châtelet bénéficie de 15 millions d’€ de subventions et regroupe 110 salariés quand son vis à vis reçoit 12 millions d’€ et dispose de 83 salariés. Ce dernier, pendant les 7 ans qu’ont duré les travaux, a continué à produire des spectacles « hors les murs », 100 au total soit 560 représentations. Un dynamisme qui tranche d’une scène à l’autre ?
Le rapport récemment établi par la Cour régionale des comptes met en exergue les problèmes du Châtelet, les difficultés financières du fait de 2 années de fermeture durant la pandémie, «  une grave crise de gouvernance ». Elle propose que la ville revoit les relations avec le théâtre et suggère un rapprochement entre les 2 théâtres qui se regardent. Pour beaucoup ce rapprochement (paie, logistique, sécurité…) permettrait de réduire sensiblement les coûts.
Le mouvement dans ce sens serait déjà sur les rails avec la nomination du président de l’association du Théâtre de la Ville à la tête du Châtelet. La Maire de Paris a d’ailleurs répondu à la cour régionale des comptes qu’elle était favorable au rapprochement des deux entités, voulant faire du lieu «… un espace de rayonnement artistique et culturel exceptionnel… ».
Malgré ces constats, déclarations et nominations, le Châtelet, une des plus belles salles de Paris, n’est plus celle où se pressait autrefois le public pour y découvrir de magnifiques spectacles. Certains estiment aussi que le nouveau directeur est trop accaparé par de multiples projets et qu’il faudrait frapper un grand coup avec des productions originales et « incisives ». Par ailleurs produire le « Cosi fan tutte » qui a fait l’unanimité contre lui lors du dernier festival d’Aix n’est peut-être pas très judicieux ?
En ces temps de «  disette financière « , il faut, outre les recettes (10 millions d’€ en moyenne par saison), aller de l’avant pour trouver des moyens à la hauteur des besoins qui devraient permettre de renouer avec un passé glorieux. Louer la salle (voir photo illustrant cet article) pour organiser certains événements (défilés de mode, conférences …), trouver des mécènes, ce qui n’est pas évident, disposer d’une offre attrayante et adaptée de spectacles. En attendant, il faut couvrir le déficit de 4 millions d’€ subsistant malgré la cession des ateliers de décors. 
La mise en commun des moyens des deux théâtres est séduisante sur le papier mais elle fait naître des craintes chez les salariés. Sous quelle forme se fera ce « regroupement » s’il voit vraiment le jour ? La cour régionale des comptes plaide pour un établissement public de coopération culturelle alors que les responsables sont davantage favorables à une association qui permettrait à chaque salle de conserver son indépendance. Les avis restent toutefois partagés. Que va faire la ville, c’est-à-dire là Maire ? Quid du concept de « place des Théâtres » évoqué ici et là ?
L’important aujourd’hui est davantage, au regard des sommes investies pour les rénover et des dotations annuelles allouées via les impôts des Parisiens de redonner le lustre nécessaire à ces deux établissement, au-delà des questions d’ego qui freinent toute évolution. Il y a malheureusement encore loin de la coupe aux lèvres.

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