Le nouveau Cimabue du Louvre

Apparu dans une vente aux enchères largement médiatisée le 27 octobre 2019, « la Dérision du Christ » de Cimabue (1240-1302), un petit panneau de bois du XIIIe siècle peint par le célèbre peintre « pré renaissance » est devenu le tableau primitif le plus cher du monde (24 millions d’€ plus les frais). Classée « Trésor national » (*), la peinture a rejoint en ce début novembre les collections nationales du musée du Louvre. L’annonce ayant été faite pas le ministère de la culture. De la taille d’une icône (25 cm de haut) mais sans en être, le panneau a été découvert lors de l’inventaire d’une maison à Compiègne par Philomène Wolf, commissaire-priseur de la maison de vente Actéon. L’œuvre était accrochée sur le mur d’un couloir proche de la cuisine.

Après des recherches approfondies par les experts qui se sont penchés sur cette œuvre, il ne fait aucun doute que ce tableau est de la main du peintre qui fut le maître de Giotto et dont on ne connait de lui qu’une quinzaine de pièces (des fresques pour l’essentiel). Le tableau faisait semble t-il partie d’ « un diptyque (un objet de dévotion privée) composé de huit scènes de la Passion du Christ, datant de 1280 (**), dont seulement deux autres panneaux nous sont parvenus : La Flagellation du Christ, conservé à la Frick Collection de New York depuis 1950, et La Vierge à l’Enfant, acheté par la National Gallery à Londres en 2000. »

Comme il s’agit d’un trésor national, le Louvre qui souhaitait acheter cette peinture a eu le temps de réunir les fonds nécessaires pour son acquisition, ce qui explique qu’il s’est écoulé tant de mois entre la vente, la préemption et l’entrée dans les collections du musée.

Pour le Louvre « La Dérision du Christ met déjà en œuvre des questions qui deviendront centrales dans les arts de la Renaissance, en particulier la représentation de l’espace, de la lumière ou encore des sentiments humains« . Ce dernier disposera ainsi de deux chefs-d’œuvre de Cimabue, « la Maestà » qui fait partie des collections depuis 1812 provenant de l’église San Francesco de Pise au moment des conquêtes militaires. En 2025, est il annoncé, « ces deux tableaux… qui font la démonstration du caractère révolutionnaire de l’art de Cimabue, seront au cœur d’une exposition au printemps« . En attendant la nouvelle acquisition sera restaurée.

Heureusement que l’œil aguerri des experts a permis de sauver cette œuvre qui fait déjà la fierté du Louvre et de la France car elle aurait pu cette fois disparaître à jamais. Il est toujours étonnant de retrouver de telles œuvres non répertoriées lors d’une succession et de laisser libre cours à son imagination pour retracer l’éventuel parcours qui a amené cette peinture dans le lieu où elle a été découverte.

(*) Label qui exclut toute autorisation de sortie du territoire français durant une période de 30 mois

(**) Epoque où est construite Notre-Dame.

 

 

Sources : le Louvre, Connaissance des Arts du 02 novembre 2023

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