Les bonnes surprises du chantier de restauration de Notre Dame

Malgré les polémiques et les difficultés qui se sont multipliées (plomb, tempêtes…) et plus spécifiquement la pandémie qui a obligé à revoir les processus de travail et d’intervention, le chantier de la restauration de Notre-Dame avance à un bon rythme selon les spécialistes qui sont au chevet de l’édifice meurtri.

L’échafaudage de 200 tonnes enlevé du toit depuis le 26 novembre 2020 a marqué une étape importante, comme le fut le démontage de l’orgue et des ses 8 000 tuyaux finalisé par 3 entreprises dès le 09 décembre avec 2 mois d’avance. Bien que la sécurisation soit très avancée, elle ne sera terminée entièrement que dans quelques mois. Il reste à poser 23 cintres en bois (réalisés en Lorraine)  pour supporter les voûtes, l’opération est en cours grâce à des échafaudages de plus de 40 m de haut.

Deux actions spécifiques ont été relevés par la presse, le début de la sélection des chênes (il en faudra mille) qui serviront à refarte la flèche à l’identique et la charpente, ainsi que le lancement d’un appel d’offre pour la pierre.

En ce qui concerne les arbres des experts forestiers sont depuis le début du mois à pied d’œuvre dans l’Eure et dans l’Orne où les massifs forestiers ont été retenus. Il faut « une majorité d’arbres de grosses dimensions de 50, 60, 80 ou 90 centimètres de diamètre et de 8 à 14 mètres de hauteur, (…) qui correspond au fût de l’arbre, dans lequel le bois sera scié pour faire des pièces de charpente ». De telles caractéristiques physiques correspondent à « des arbres qui ont minimum 100 ans, et jusqu’à 200 pour certains, parfois même un peu plus ». Les arbres devront être abattus en mars prochain de manière à laisser le temps de séchage indispensable pour permettre leur utilisation.

En matière de pierre, une convention de recherche et développement vient d’être signée entre l’Établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris et le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) de manière à identifier «  la caractérisation et la sélection de nouvelles pierres esthétiquement et physiquement compatibles avec les pierres endommagées ».  Les équipes ignorent pour l’instant les volumes de pierre dont ils auront besoin et quelle sera leur provenance (site existant, nouveau site?). Afin de simplifier la délivrance d’une potentielle future autorisation de carrière – extension ou réouverture d’un site existant ou ouverture d’un nouveau site – une ordonnance a été prise en novembre 2020 par le gouvernement qui dispense les travaux d’une obligation de compatibilité avec les schémas régionaux des carrière. Cela afin de réduire au maximum les délais de restauration car il faut trouver de la pierre similaire à celle d’origine provenant du sous-sol parisien. « Depuis juillet 2020, des équipes de géologues, de sédimentologues, de géomaticiens et de techniciens de laboratoires travaillent déjà en collaboration avec le Laboratoire de recherches des monuments historiques (LRMH) du ministère de la Culture. » Il importe aussi de souligner que seulement 15% des pierres tombées lors de la chute de la flèche pourront être réutilisées. Chute à laquelle n’a pas survécu la croisée du transept. La plateforme de bois qui se trouve à sa place et qui sera surmontée d’un « parapluie » fait de bâches en PVC et de poutres en aluminium, permet d’ausculter le trou des quatre voûtes latérales. Elles sont couvertes d’une épaisse couche noirâtre formée de débris de bois, de pierre, de fer et de plomb qui est progressivement retirée. Assistés de cordistes, c’est aux tailleurs de pierre qu’il appartient de consolider les bords endommagés en les recouvrant d’un enduit provisoire de plâtre et de filasse.

Il faudra aussi nettoyer les pierres noircies, le conservateur en chef du patrimoine précise que 2 méthodes sont à l’étude  « Une technique avec du latex qui accroche les poussières quand on le retire » (NDLR: système utilisé pour le nettoyage du magnifique tour du chœur de la cathédrale de Chartres) « et une autre reposant sur l’usage de compresses qui viennent humidifier le support. Pour le nettoyage des joints une troisième technique de nettoyage par laser est testée. »

Parallèlement aux opérations que nous venons de mentionner, il est rapporté que l’avancement des travaux à l’intérieur de Notre Dame est « saisissant » et des résultats inattendus de l’examen des pierres interpellent les spécialistes.  Ainsi les tests entrepris sur 2 des 24 chapelles latérales ont révélé des décorations et donnent un « avant goût des travaux à venir »… Des traces de polychromies anciennes ont  en effet découvertes dans la chapelle Notre-Dame-de-Guadalupe au nord de la cathédrale, ce que n’aurait pas signalé Viollet le Duc dans son « dictionnaire raisonné » où il évoque seulement la décoration extérieure de l’édifice. Cette trouvaille peut permettre de mieux comprendre comment se présentait l’intérieur de l’édifice au Moyen Age.

Autre étude devenue possible celle de la rose du Midi miraculeusement préservée qui peut être examinée dans le détail grâce une plateforme toute proche.

N’oublions pas que ce chantier hors norme mobilise deux cents compagnons, chercheurs, artisans, ingénieurs se relayant depuis plus d’un an et demi dans des conditions contraignantes pour préparer de la meilleure façon possible la restauration elle-même qui ne commencera pas avant plusieurs mois lorsque l’arrêté de péril sera levé par le préfet.

 

 

 

 

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