Depuis quelques jours la presse, les différents médias, les spécialistes du tourisme et la mairie entonnent à chœur joie la petite musique du retour en grand nombre à Paris des touristes. Le niveau d’avant le Covid c’est-à-dire en 2019 étant en passe d’être atteint. Les experts plus réalistes disent plutôt que l’on s’en rapproche. Ce qui n’est pas tout à fait la même chose puisque les touristes asiatiques, notamment chinois, et les russes ne sont pas revenus. Les visiteurs du Proche et Moyen-Orient (+16,8%), de même que les Européens, ne compensent pas l’absence de ceux-ci. Mais lorsqu’ils reviendront eux aussi que fera la mairie ?
Commencée dès le printemps, cette remontée des touristes est due surtout à la venue de visiteurs européens, en provenance du Royaume-Uni, d’Allemagne, de Suisse, d’Italie, d’Espagne (pour ces deux derniers leur nombre serait sensiblement supérieur à celui de 2019) et des Pays-Bas (+ 60%!). Au premier semestre 2022, les touristes étrangers, représentaient 79,9 % du flux, contre 21,1 % de touristes français. L’Office du Tourisme et des Congrès de Paris (OTCP) situe cette reprise du tourisme à Pâques. Le taux d’occupation des hôtels atteignant alors 88,6%.
Autre voyant moins intéressant pour les Parisiens, la reprise des locations saisonnières ! Les valises à roulette, les fêtes dans les immeubles et sur les terrasses font savoir que les touristes sont, hélas pour eux, bel et bien là. La baisse du cours de l’euro face au dollar a aussi favorisé le mouvement et le nombre d’Américains est tel que l’on prévoit qu’ils auront retrouvé dès septembre le niveau de fréquentation d’avant pandémie… Aussi les professionnels du tourisme se frottent-ils les mains. Que ce soit la Tour Eiffel qui enregistre en moyenne 24 000 visites par jour ou le Louvre très visité malgré les queues sous les fortes chaleurs.
À entendre Frédéric Hocquard, adjoint à la Maire de Paris en charge du tourisme et de la vie nocturne, cette situation rapporte de l’argent aux caisses municipales en raison de la taxe de séjour qui peut aller jusqu’à 5€, soit 100 millions d’€ attendus sur l’année. Rien n’est indiqué sur le coût supplémentaire en revanche que ces visiteurs génèrent en particulier le nettoyage des lieux les plus fréquentés et l’insécurité qui nécessitent plus de moyens. Les commerces, les hôtels restaurants bien entendu profitent de cette embellie avec les limites imposées par un manque crucial de personnels. Quant aux pickpockets, vendeurs à la sauvette et autres activités illégales, ils refleurissent. Mentionnons aussi malgré le nombre d’habitants partis en vacances, le trafic important des vélos et des trottinettes enfourchés par les touristes tel un jeu et l’insécurité qui en découlent pour les piétons et les automobilistes.
Cette situation est un petit échantillon de ce que risque de devenir la capitale durant la période des jeux olympiques de 2024, nombreux sont les Parisiens qui ont déjà projeté de quitter la ville à ce moment là, ne voulant pas vivre un enfer (foule, bruit, fête nocturne, alcoolisme, insécurité…).
Une nouvelle fois nous réaffirmons qu’à ce niveau le nombre de touristes doit être régulé. Paris ne peut pas indéfiniment absorber l’augmentation de ses visiteurs. Les habitants priment sur ces derniers, le commerce seul ne justifie pas un tel flux non contrôlé. Nous atteignons les limites de tolérance sur bien des points et le dérèglement climatique, avec son lot de problèmes dont celui de la raréfaction de l’eau, vient à propos nous le rappeler.