Les touristes seraient-ils davantage pris en considération que les Parisiens ?

De plus en plus, sans que cela n’étonne personne, tout est fait à Paris pour choyer les touristes au détriment des Parisiens.

Si l’on considère l’usage qui est fait des vélos et des trottinettes, nombreux sont les visiteurs étrangers souvent assez peu à l’aise pourtant, se déplaçant en groupe sur ces engins et s’amusant à visiter ainsi Paris en prenant des risques et en mettant en danger tant les  piétons et automobilistes, que les conducteurs de bus, voire d’autres utilisateurs de deux roues. Trottinettes et vélos sont considérés par ces novices comme de simples jouets. Du côté des bars et restaurants, les terrasses estivales refleurissent avec l’arrivée du printemps et sont occupées par une proportion élevée de touristes qui créent, par leurs éclats de voix, des nuisances notamment la nuit. Des désagréments que nous avons moult fois décrits ici.

A l’heure du déjeuner les bancs des squares et des jardins publics sont occupés par une part significative de vacanciers, certains laissent à terre leurs détritus favorisant ainsi la multiplication des rats qui colonisent la ville. Comme il n’y a plus de gardien ils ne se font pas rappeler à l’ordre. 

Airbnb et les autres sites de location saisonnière ont été créés pour les touristes. Le niveau atteint de l’offre est tel que la mairie, pourtant très favorable à ces officines lors de leur arrivée, a dû modifier les règles et organiser des contrôles (encore bien insuffisants) pour essayer d’enrayer sinon réduire la chute de l’offre d’appartements à louer en location traditionnelle qui font toujours défaut aujourd’hui. Ce qui conduit des centaines habitants à quitter la ville contribuant à la baisse de la population parisienne. Dans certains quartiers rien n’est fait non plus pour réguler, voire faire disparaître les « pousse-pousse » utilisés par les touristes, gênant la circulation et accentuant l’insécurité.

La mairie de Paris, très arc-boutée sur l’accroissement de l’attractivité touristique de Paris et encore plus depuis la pandémie de la Covid, soutient, favorise, encourage et met en œuvre les moyens nécessaires, sinon tout ce qui peut l’être pour ce faire. Elle laisse de ce fait se développer une sorte de dichotomie entre son action pour les touristes (rappelons nous le forcing qui a été fait en 2015, avec le soutien du ministre en charge du tourisme, pour essayer de développer le tourisme nocturne !) et ce qui est fait pour les habitants. Ces derniers sont frustrés d’apprendre et de constater que sous prétexte de « business » trop est fait (de surcroît avec leurs impôts) à l’égard des touristes qui, soit dit en passant, contribuent à accroître la pollution et la malpropreté dans les lieux les plus fréquentés, en particulier dans nos quartiers de Paris Centre. Mais sommes jour après jour plongés dans l’ère du touriste roi, une tendance exacerbée par une sorte de compétition entre les grandes villes et les pays qui cherchent ainsi à grappiller quelques points de PIB supplémentaires. 

L’équation n’est pas simple à résoudre et se complique avec la venue l’an prochain des Jeux Olympiques. Beaucoup d’habitants ont déjà fait savoir qu’ils ne se risqueraient pas à rester à Paris pendant cette période. Ils fuiront à la campagne (peut-être à Rodez ?) ou dans des lieux plus calmes.

Comme nous l’avons souligné dans de précédents articles, le sur tourisme nous guette chaque jour davantage, le Parisien n’a plus qu’a subir. Il parait peu probable en effet que les moyens mis à la disposition du développement du tourisme changent dans un proche avenir. Pourtant une régulation parait à l’évidence de plus en plus nécessaire, nos élus qui ont affirmé ne pas vouloir laisser Paris devenir une ville musée en sont pour leurs frais, mais n’ont ils pas finalement encouragé cette évolution ?

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