L’immobilier à Paris, un serpent de mer!

Voilà un an, quasiment jour pour jour, le tribunal administratif de Paris rendait un jugement, confirmé ensuite par la cour administrative d’appel en juin dernier, qui annulait l’encadrement des loyers dans la capitale. Il en a été de même d’ailleurs pour la ville de Lille. Depuis lors, a été élaborée un nouvelle loi dite ELAN (portant sur l’Evolution du Logement, de l’Aménagement et du Numérique), votée le mois passé (et non encore promulguée), qui  « vise à préserver pendant 5 ans l’expérimentation de l’encadrement des loyers privés, dans les zones tendues et sur la base de propositions des collectivités locales, et y favorise la généralisation des observatoires locaux des loyers ».

Elle permettrait donc à la mairie de Paris de revenir sur ce sujet qui devrait être réexaminé lors du conseil du 11 décembre. Cette proposition qui a de fortes chances d’être votée n’est pas un bon signe pour le marché de l’immobilier parisien. En réponse à cette mesure, les immeubles qui ont besoin de travaux seront entretenus a minima et le secteur de la construction qui fléchit sensiblement verra les mises en chantier baisser davantage encore. Paris ne sera plus en zone tendue mais « sur tendue ». Le centre de Paris en particulier va se trouver encore plus touché par la rareté des biens à louer. En effet la part des logements abandonnés à la location saisonnière y est très élevée. Les pouvoirs publics il est vrai ont été trop longtemps inopérants pour endiguer leur progression. Or bloquer les loyers risque de conduire à raréfier davantage l’offre de logements privés à la location en incitant les propriétaires à mettre encore plus de logements en locations saisonnières ou à opter pour le statut de loueur en meublé professionnel qui permet d’échapper au blocage et offre des opportunités en matière fiscale. Gardons aussi à l’esprit que le développement des logements sociaux souvent aménagés à un coût très élevé a contribué à l’augmentation des loyers dans le privé justement en réduisant l’offre immobilière elle-même.

Toujours sur le sujet du logement, la mairie songe à lancer un organisme de foncier solidaire afin de donner la possibilité aux « classes moyennes »  de devenir facilement  propriétaires à un prix plus bas que celui du marché. Il s’agit de copier le système anglais des baux emphytéotiques où le foncier (appartenant à l’organisme foncier) est dissocié du bâti qui sera vendu seul. Les baux allant jusqu’à 99 ans avec des loyers de quelques euros.  Il faudra en plus imaginer des moyens d’éviter la spéculation qui tuerait rapidement tout l’intérêt de ce système.

Nous sommes donc à Paris dans la situation d’un serpent de mer qui se mord la queue. L’offre est raréfiée par des actions et mesures émanant d’acteurs très différents qui agissent isolément, aucune coordination n’a été vraiment mise en place… Et nous nous trouvons devant un constat navrant, beaucoup ne peuvent plus se loger à Paris et quittent la capitale où pourtant ils ont longtemps vécu…Vouloir réglementer ce marché ne peut que conduire à des dérives.

N’est-ce pas finalement une forme d’aveu d’échec dans la politique conduite à cet égard depuis nombre d’années, traduisant aussi un réel manque d’anticipation, une absence de stratégie et de planification digne de ce nom ?

 

 

 

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