Un article remarqué de Mathilde Visseyrias est paru sous le titre « Paris à l’épreuve du manque de touristes » dans Le Figaro du 3 septembre. Le chiffre à retenir est 5,3 millions de touristes accueillis cet été dans le Grand Paris, soit deux fois moins qu’en 2019. Pour l’essentiel il s’agît de touristes français, la loi des 80-20 s’est inversée puisqu’auparavant la proportion était de 80 % de touristes étrangers, or ils ne sont plus que 20%.
Tout a été fait semble t-il pour attirer de nouveaux touristes obligeant les professionnels à s’adapter et à innover. La pandémie ayant dissuadé beaucoup d’entre eux de venir. 30% des hôtels n’ont pas encore rouvert (certains en profitent pour mener des travaux d’embellissement) car ils n’ont pas bénéficié de « l’avantage terrasse » comme les restaurateurs. Des établissements tels le Moulin Rouge ou le Lido sont toujours fermés depuis le début de la crise de la Covid. Les locations saisonnières davantage encadrées ont repris, mais ce n’est plus la folie passée. La journaliste souligne l’action menée conjointement par les Grands magasins, l’Office du tourisme, le comité régional du tourisme et Atout France (l’opérateur de l’Etat qui est chargé de renforcer l’attractivité de la France en matière de tourisme) pour faire venir les touristes dans la capitale. Les quartiers jadis bondés de touristes comme le Marais, le Louvre ou l’Ile de la Cité sont restés plus calmes sauf là ou sévissent les incivilités des consommateurs aux terrasses estivales. Certains lieux emblématiques auraient réalisé une saison correcte, la Tour Eiffel par exemple a enregistré 13 000 visites jour contre 25 000 auparavant. La météo chaotique n’a pas été non plus à la hauteur des attentes et n’a pas favorisé le développement du tourisme. Seul le tourisme de luxe a vu son activité véritablement reprendre et face à l’importante demande les prix ont même grimpé!
Fait-il finalement se plaindre de la baisse du nombre de touristes ? Oui si l’on se place du point du point de vue économique, malgré les aides de l’Etat nombre de salariés se sont retrouvés au chômage et l’avenir de certains commerces est hypothétique. Non si l’on se place du côté des habitants bien que beaucoup aient quitté Paris pour les vacances ou soient partis définitivement car désabusés par la vie « infernale » ainsi que nous l’avons relaté dans de précédents articles. Vivre normalement, avec moins de saleté, dans les quartiers qui ne sont plus envahis par les touristes est appréciable, surtout après les épisodes du confinement où chacun a pu constater la différence comparée à l’avant crise. Brouhaha, bruit, trottoirs engorgés et fête permanente étaient devenus notre quotidien.
Désormais, malheureusement les terrasses annihilent une partie de cette évolution, les Parisiens attachés à leur ville veulent que leur » qualité de vie » soit davantage proche de celle de nombreuses villes dans lesquelles partent ceux qui sont convaincus que la situation actuelle est provisoire et que rien ne sera fait pour la maintenir par l’équipe municipale alors que ce se profile déjà l' »envahissement » consécutif aux Jeux Olympiques (sauf s’ils se déroulent à huis clos comme vient de le vivre Tokyo?).
Avoir goûté à un certain calme durant plusieurs mois n’a rien d’apocalyptique, ni de désastreux, ce que laissent pourtant croire certains. Bien au contraire, cela a montré qu’une voie médiane était possible ? Sera t-elle saisie par nos édiles ? Rien n’est moins sûr car la communication sur une « ville apaisée », les déplacements doux et autres décisions de la sorte (30km/h etc …) ne constitue pas la réponse appropriée, chacun peut le vérifier quotidiennement.