Paris : création de forêts urbaines et déboisement, n’est-ce pas antinomique ?

Dans un nouvel article trés circonstancié du Figaro du 21 avril 2023 intitulé « Paris: le mythe des forêts urbaines d’Anne Hidalgo« , Dominique Dupré-Henry et Tangui Le Dantec,  cofondateurs de l’association « Aux arbres citoyens !  » critiquent l’idée de créer dans la capitale des forêts urbaines qu’ils qualifient d’ « inefficaces contre les ilots de chaleur« . Ils fondent leur raisonnement en citant le lieux qui avaient été retenus pour ces implantations (Gare de Lyon, voies sur berges de la Seine, place de l’Hôtel de ville, arrière de l’Opéra Garnier) sur le fait que la plupart des projets tels que celui d’arbres sur le Pont d’Iéna ne sont pas réalisables. Ils rappellent que les 4 forêts devaient sortir de terre en 2020. L’arrêt de ces 4 projets a été décidé après avis d’experts et du conseil de Paris. En effet des études très coûteuses ont démontré que des arbres ne pouvaient pas être plantés sur des  parkings en sous-sol ni sur des ponts sauf à engager de lourds investissements, une évidence !

La mairie a souhaité néanmoins se focaliser sur des projets plus modestes tels ceux de la place de Catalogne (photo des travaux en cours illustrant notre article) ou la place du colonel Fabien (800 m2 prévus).  Les auteurs de l’article du Figaro, outre qu’ils dénoncent la destruction effective de la fontaine de la place de Catalogne, estiment que les arbres qui vont être plantés ne se développeront pas normalement par manque de place et d’eau et leur faible superficie globale. Dès lors ils ne permettront pas de lutter efficacement contre les ilots de chaleur. Ils ajoutent « Pire, plusieurs bilans effectués suite à ce type de plantations d’arbres intensives et censées devenir rapidement autonomes (sans arrosage, ni interventions extérieures) montrent une forte mortalité durant les premières décennies. » Une seconde forêt urbaine est prévue sur la petite ceinture à Charonne sur une ancienne friche ferroviaire acquise 11,5 millions d’€. Il semble aussi qu’ « aucune de ces supposées « forêts » urbaines n’est conçue pour y pénétrer ? » Exit les promeneurs !  Leur conclusion est donc sans appel, ces forêts seront sans effet dans le lutte contre les canicules.

Le dernier point de cet article instructif porte sur les bois de Vincennes et de Boulogne, respectivement de 995 et 847 ha, dans lesquels sont menées  d’importantes coupes (65 ha en deux ans pour le seul Bois de Vincennes) très discutables selon plusieurs experts et associations qui dénoncent ces interventions dans les 2 seuls poumons verts de la capitale rappelant qu’entre 2006 et 2020 seulement 16 ha ont été éclaircis…! En janvier dernier en effet plusieurs quotidiens ont mis en avant leur inquiétude, notamment le journal 20 minutes titrant le 26 janvier 2023  « Des coupes d’arbres dans dans le bois de Vincennes pour le bien-être de la forêt ? Des association protestent. » Le Groupe national de surveillance des arbres (GNSA) et France nature environnement s’étonnent d’un tel niveau d’interventionnisme craignant que le bois de Vincennes devienne un « Central Park ».  Pour ces derniers il s’agit d’ « une opération qui menace la biodiversité et risque d’aggraver le réchauffement climatique… » et de souligner que des arbres centenaires en bonne santé sont abattus !

L’adjoint a la mairie Christophe Najdovski, en charge des espaces verts répond que « Ces espaces s’entretiennent pour permettre leur pérennité sur le long terme ». L’administration définit de son côté ces coupes comme une « opération culturale sélective qui réduit progressivement le nombre de tiges en dosant le mélange d’essences – ou des « dégagements » – soit des opérations visant à éliminer la concurrence de certaines essences » Un emploi de vocabulaire bien abscons.  Il n’empêche que tout déboisement  « ... tue la nourriture des animaux, l’espace vital de la faune qui a besoin de se cacher et de se nourrir », Certaines espèces d’oiseaux par exemple sont attachées à certaines essences. Il ne faudrait donc pas qu’elles disparaissent.

Ces  opérations sont inquiétantes en plein réchauffement climatique, la température du bois risque fort d’augmenter et ce sera autant de moins pour rafraîchir Paris. La mairie répond que l’entretien des bois de la capitale est nécessaires quand d’autres estiment que c’est non seulement un  pari sur l’avenir mais aussi qu’« on ne demande pas à une forêt d’être à la disposition de l’homme, c’est l’homme qui se met à la disposition de la forêt ».

Au final nous constatons une bien curieuse situation. La mairie coupe des forêts bien établies et en crée d’autres sans savoir si elles prospèreront. Où est la logique ?

2 commentaires

  1. Bonjour,
    Merci pour ses informations utiles – inquiétants dans le contexte cité, surtout en ayant vécu cet été à Paris particulièrement bien chaud.

    Je voudrais vous demander si vous avez des informations relatifs à l’enquête publique pour déclasser 2 009 m2 d’EBC du parc Montsouris afin d’agrandir la station de RER B Cité Universitaire (curieuse nécessité un an avant la célébration des JOs)?
    Comment manifester son oposition à ce type d’actions jnsensées?
    Merci bien,
    Isis GP

    1. Nous n’avons pas d’élément sur le dosser que vous évoquez. Mais vous devriez pouvoir vous renseigner dans votre mairie d’arrondissement. La meilleure façon de réagir est de manifester par écrit votre désapprobation auprès du commissaire enquêteur. Rien n’interdit non plus de fédérer sous forme de collectif ou d’association les opposants à ce projet et de le faire savoir en agissant (manifestations, écrits aux élus et autres parties prenantes, calicots aux fenêtres…). Vous pourriez saisir la FNE (fédération nationale de l’environnement) L’important étant de ne pas rester passif.

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