Plusieurs médias ont récemment souligné que de plus en plus de marchandises étaient transportées sur la Seine et qu’il s’agissait là d’une avancée significative notamment en matière d’engagement contre le réchauffement climatique. La raison principale avancée sur ce changement est le dynamisme du BTP. Si au plan national l’augmentation du trafic fluvial est de 4% par rapport à 2021, soit 52,5 millions de tonnes, la Seine à elle seule, représente une part de 41% (22 millions de tonnes de marchandises et affiche 8,2 % de croissance) évitant ainsi de faire rouler 1,06 million de poids lourds ! Ces bonnes pratiques doivent être encouragées, en particulier sur « le dernier kilomètre » pour les petits colis transportés depuis le bateau qui sert d’entrepôt en utilisant le vélo cargo par exemple.
Les voies navigables restent le parent pauvre de transports alors que la France est bien pourvue sur ce plan malgré les problèmes de gabarit de certains canaux que des travaux pourraient modifier. Depuis des années le mode de transport par camion a été favorisée au détriment du train et des péniches. Toutes les études démontrent que le transport par bateau présente bien plus d’avantages que par camion amenant à moins de consommation de carburant (ce qui est significatif en période de hausse des prix des matières premières) et générant moins de pollution. L’inconvénient majeur mis en avant par les professionnels est la livraison d’un point à un autre sans rupture avec le mode camion alors que le transport fluvial ne le permet pas. Mais la quantité emmagasinée par une péniche est sans commune mesure avec celle d’un poids lourd. Des aides publiques pourraient favoriser cette évolution vers un transport plus économique et plus en phase avec la protection de la planète.
Pour la Seine, l’établissement public Haropa a été créé autour d’une stratégie commune et regroupe les ports de Paris Rouen et Le Havre. De même le Grand Paris Express mise sur le transport fluvial. Il est assez regrettable que dans certaines zones géographiques, n’ait pas été perçue l’importance d’utiliser le réseau fluvial, à l’instar du réseau fluvial du bassin parisien où des progrès sont encore à faire ou de pays voisins comme les Pays Bas, l’Allemagne et la Belgique.
Les politiques rappellent de temps à autre tout l’intérêt du transport fluvial qui est un « des vecteurs de la transition énergétique ». Pourtant depuis les années 1970, alors que la trafic fluvial affichait 110 millions de tonnes de marchandises transportées, ce dernier n’a fait que décliner. Les raisons sont multiples, forte baisse des industries lourdes traditionnelles et des transports de pondéreux, besoin de transports rapides, perte de compétitivité des voies navigables (vétusté du réseau, manque d’entretien, rigidité des pratiques professionnelles et mauvaise insertion technique et commerciale dans les « chaînes logistiques » de l’économie moderne…). Ce n’est que depuis les années 90 que ce type de transport au plus bas a commencé à remonter timidement (+ 3% par an) passant de 5,8 millions de tonnes transportées en 1995 à 7,9 millions de tonnes en 2005 (plan d’aide à la surcapacité mis en place, modification du cadre législatif et réglementaire et effort de l’Etat quant à l’entretien des canaux et fleuves navigable). La création en 1991 de l’établissement public et administratif Voies Navigables de France (VNF) a changé la donne puisqu’il lui appartient dorénavant non seulement d’exploiter, d’entretenir et d’améliorer les voies navigables et ports fluviaux, de développer leur utilisation, mais aussi de réaliser des infrastructures nouvelles.
La colonne vertébrale et l’impulsion ont été données, il faut maintenant aller plus loin, quitte a s’inspirer de nos voisins du Benelux ou allemands bien plus en avance que nous. A Paris, la dynamique de l’axe Seine doit conduire à davantage d’ambition, utiliser le fleuve pour le transport de marchandises (85 % des marchandises en conteneurs sont encore acheminées par la route) est une carte maîtresse pour lutter contre le réchauffement climatique, réduire le nombre de camions, les encombrements, le bruit et la pollution. Hélas malgré la création d’Haropa, on entend peu nos édiles s’exprimer sur le sujet, ils préfèrent se concentrer sur l’éradication de la voiture !