Paris doit redevenir l’écrin du beau

Lorsque l’on parle enlaidissement ou décoration décalée voire saugrenue, il ne faut pas se déplacer bien longtemps dans nos quartiers pour en découvrir quelques exemples.

Actuellement le bassin de la grande fontaine du jardin du Palais Royal est occupé par une cohorte de petits personnages verts curieux avec, ce qui n’est pas rien, la complicité du Centre des Monuments Nationaux qui a invité Fabrice Hyber, le réalisateur de ce montage intitulé  » Les 30 ans de l’Homme de Bessines« .

Un panneau accroché à un grand bac à plantes en bois nous explique la signification de ce montage. « Répondant à une commande publique pour la commune de Bessines (Deux-Sèvres) Fabrice Hyber crée en 1991, 6 sculptures de 87 cm de haut (la moitié de sa taille) percées par onze orifices d’où jaillissent des filets d’eau. L’homme de Bessines est le gardien d’un monde nouveau fait de réseaux et  d’informations. Les fluides matérialisent les échanges entre les humains et le monde. Symbole d’un environnement en mutation, il existe dans des matières, dans des genres et de tailles différentes. Depuis la première installation, nous retrouvons la sculpture partout, de Lisbonne à Shanghai, de Tokyo à Londres. A l’occasion de cet anniversaire Fabrice Hyber a créé une FemmeHomme de Bessines présentée ici comme l’espoir de la 31e année. »

Est-ce bien l’endroit pour héberger ce type de production ?

Autre implantation étonnante, non loin des jardins du Palais Royal, rue des Bons enfants, sur une paroi en verre fermant l’arrière du bâtiment annexe du ministère de la culture qui longe la rue Saint-Honoré. Un immeuble reconnaissable entre tous du fait de la résille métallique disruptive qui l’habille. A l’arrière donc de ce dernier se trouve un long panneau métallique couvert de graffitis de type gribouillis protégés par des vitres. Il attire l’œil pas son caractère saugrenu tranchant avec son environnement. 

Une affichette présente à proximité donne quelques explications « exposition oxymores ou vitrail typographique (sic). Cette œuvre est le fruit d’une collaboration entre des artistes explorant chacun la lettre avec une approche individuelle caractéristique, produite dans le cadre d’Oxymores, exposition collective d’art urbain réunissant 15 artistes du 03 avril au 03 mai 2015 sur les vitrines du ministère de la Culture et de la Communication. Cette réalisation à huit mains réunit différentes générations partageant une relation passionnée à l’écriture et à la typographie en particulier. Cette rencontre entre Jacques Villeglé « maestro du signe » et les artistes urbain Lek, Sowat et O’Clock, propose une exploration calligraphique contemporaine singulière se prêtant à l’exercice de la réalisation d’un vitrail.  Alphabet politique, tags, formes et géométrie et « graffutiristes » se mêlent ici pour une création picturale inédite tant dans sa conception que dans sa perception. (commissariat: Elise Herszkowicz (Art Azoï Paris * ) et David Demougeot (Bien Urbain **, Besançon). »

Il est possible de donner toutes les explications possibles mais à voir ces deux réalisations/installations on ne peut s’empêcher de penser à cette phrase de Stendhal  « Le mauvais goût, c’est de confondre la mode, qui ne vit que de changements, avec le beau durable. » 

Vraiment Paris mérite mieux!

 

(*)  Art Azoï est une association qui œuvre pour la promotion et la diffusion de la création artistique dans l’espace public

(**) L’association Juste Ici mène différentes actions culturelles liées à la création en espace public et organise depuis 2011 le festival « Bien Urbain – art dans (et avec) l’espace public » à Besançon.

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