On a peine à croire qu’existait autrefois, accolée à la tour nord de Notre-Dame, la minuscule église Saint-Jean le Rond dédiée à Saint-Jean Baptiste et consacrée au culte de Sainte-Geneviève. A l’origine, sans doute dès le VIe siècle, se trouvait en ce lieu le baptistère de Paris, comme il s’en trouvait auprès des autres cathédrales. Baptistère construit en forme de rotonde vers l’an 1000. C’est de cette forme que l’église qui lui a succédé, édifiée au XIIIe siècle sur un plan rectangulaire cependant, a tiré son nom de le Rond. Dans un premier temps il s’agissait plutôt d’une chapelle. Cette paroisse abrita pendant plusieurs siècles un des endroits de dépôt des enfants trouvés (dont le plus célèbre fut d’Alembert abandonné sur les marches en 1717 et qui avait, en référence à ce statut, Rond dans son patronyme. il lui arrivait de signer parfois non pas son nom mais un rond, une allusion à peine voilée sur ses origines). Afin de bien situer dans le temps ces constructions, rappelons que Notre-Dame fut bâtie entre 1163 et 1245.
On sait que la façade alignée sur celle de Notre-Dame au XIIe siècle a été refaite au XVIIe siècle. Elle présentait un portail encadré de 2 colonnes doriques et un fronton comprenant 3 statues. avec un clocheton à l’arrière de ce dernier. ainsi qu’il apparaît sur les gravures d’époque (voir celle illustrant cet article qui provient des collections de Paris Musées).
L’église desservait en fait la paroisse constituée des laïcs du Cloître Notre-Dame, c’est-à-dire essentiellement des domestiques des chanoines. Le cloître séparait le clergé du monde. Il représentait 46 maisons que les chanoine louaient ou bien occupaient et l’Ecole cathédrale réservée à l’enseignement de la théologie, de la médecine et du droit. 8 chanoines étaient au service de cette église qui avait son cimetière de 100 m2 et son charnier.
Dans le cadre du réaménagement des paroisses de l’Île de la Cité en 1748, décision fut prise de démolir l’église Saint-Jean le Rond et de la regrouper avec la paroisse desservie par l’église Saint-Denis du Pas se trouvant juste derrière l’abside de Notre-Dame, une église qui fut à son tour détruite en 1813. On imagine son emplacement entre le chevet de la cathédrale et la fontaine des Jardins de l’évêché. Suite à la démolition, la plupart des pierres furent ré utilisées dans la reconstruction de la grande porte du cloître par Germain Boffrand l’architecte à qui l’on doit notamment l’Hôtel de Soubise et le château de Lunéville.
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Sources : Data BNF, histoiresdeparis.fr, Wikipédia, sculptures des XIe-XIIIe siècles (collection musée de Cluny)