Projet de modification des jardins de Notre-Dame, la polémique enfle

Les réactions pleuvent de tous côtés (articles de presse, spécialistes de l’art, nombreuses associations aussi diverses que Sites et Monuments, France Nature Environnement, Aux arbres citoyens, Paris historique pour citer que les plus connues…), sur le projet de rénovation des jardins de Notre-Dame présenté par la mairie de Paris. L’idée une nouvelle fois est de gommer le passé en englobant les jardins dans le réaménagement du parvis (chantier confié au paysagiste Bas Smets – avec l’agence d’architecte et d’urbaniste GRAU, et, pour le volet patrimoine, à l’agence d’architecture Neufville-Gayet, voir notre article du 14 juillet 2022) et en les remplaçant par des pelouses ouvertes au public. A bas les grilles du jardin Jean XXIII installées par le préfet Rambuteau en 1840, à bas le mobilier historique  de Davioud, à bas des arbres remarquables et centenaires, à bas les parterres de fleurs et les arbustes et intégration dans le projet du 2ème jardin, le square Ile de France dans lequel se trouve le mémorial de la déportation.  En fait la mairie projette tout ce qu’il ne faut pas faire, tout en utilisant le paravent de l’écologie puisque selon le Premier adjoint de la Maire il importe de renforcer la végétalisation ? Le ratage très coûteux de l’aménagement fort banal, minéral et uniforme de la place de la République ne semble pas avoir servi de leçon, ce qui est bien regrettable. Il faut pourtant savoir reconnaître ses erreurs, « ... seul l’insensé persiste dans son erreur » a écrit Cicéron.

Si la Commission nationale de l’architecture et du patrimoine (*) qui a récemment examiné le dossier a donné un avis globalement positif, elle recommande néanmoins de ne pas supprimer les grilles fermant la square Jean XXIII, ni les bancs de Davioud que nos édiles souhaiteraient remplacer par des bancs en béton ! A ce stade du processus signalons que l’avis de la commission est habituellement suivi, mais peut très bien ne pas l’être si le bon vouloir de la mairie est autre. Bien entendu à l’instar d’autres dossiers, la concertation « à la mode municipale », est mise en avant pas les élus pour justifier leur choix. On n’ose pas imaginer dans quel état deviendra le nouveau jardin formé par les deux squares réunis, ouvert jour et nuit au public qui pourra y pique-niquer à sa guise, offrant aux rats un nouveau site où se rassasier et annihilant  en partie le développement de la biodiversité. Il appartient dorénavant à l’Architecte des Bâtiments de France d’étudier le dossier.

A ce jour suite à la mise en ligne d’une pétition intitulée « Sauvons les squares de Notre-Dame!« , plus de 45 000 signatures ont été recueillies (dont celle de Stéphane Bern). Nous vous encourageons à faire de même, nous sommes nombreux à ne pas souhaiter que Paris, à force de décisions par trop idéologiques, disparaisse à petit feu.

 

 

(*) Instituée par une loi du 7 juillet 2016 relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine, la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA) est consultée en matière de création, de gestion et de suivi de servitudes d’utilité publique et de documents d’urbanisme institués dans un but de protection, de conservation et de mise en valeur du patrimoine culturel.  La CNPA est organisée en 7 sections  ( « Sites patrimoniaux remarquables et abords »,  « Protection des immeubles au titre des monuments historiques, domaines nationaux et aliénation du patrimoine de l’État », « Projets architecturaux et travaux sur immeubles », « Protection des objets mobiliers au titre des monuments historiques et travaux », « Protection des instruments de musique au titre des monuments historiques et travaux », « Protection des grottes ornées au titre des monuments historiques et travaux », « Parcs et jardins »). Chacune des sections est composée de 26 membres, qui se répartissent en quatre collèges  (représentants de l’État; titulaires d’un mandat électif; représentants d’associations ou de fondations ayant pour objet de favoriser la connaissance, la protection, la conservation et la mise en valeur du patrimoine; personnalités qualifiées). Les membres de la CNPA sont nommés par arrêté du ministre chargé de la culture pour une durée de cinq ans, à l’exception des membres de droit et des parlementaires (désignés par chacune des assemblées). Le président de la commission est choisi par le ministre chargé de la culture, parmi les deux parlementaires membres titulaires de la Commission. M. Albéric de Montgolfier, sénateur, a été nommé président de la CNPA, par un arrêté du 9 novembre 2022.

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