La situation est devenue si anxiogène que la municipalité parisienne à travers son site Paris.fr s’est vue contrainte de rédiger un article à l’adresse des piétons intitulé « Piétons : nos conseils pour circuler en toute sécurité » destiné finalement à nous mettre en garde, sous couvert de recommandations, pour se déplacer « en sécurité ».
Cette communication où il est rappelé de ne traverser que sur les passages piétons, que lorsque le feu est vert, en fonction de la visibilité, de la distance et de la vitesse perçues…. n’est pas anodine. En effet dans le Parisien daté du 29 mars, l’association nationale 60 millions de Piétons (membre du Réseau Vivre Paris !) et Sixteen (association née du drame d’un petite fille renversée sur un passage piétons en se rendant à l’école) appellent une nouvelle fois au respect des droits du piéton. Et de pointer l’utilisation encore trop fréquente des trottoirs par les deux roues ou le non respect de la signalisation.
La voiture est tellement décriée à Paris par nos édiles avec les discours mortifères qui les accompagnent que l’on en oublierait presque de mentionner que l’insécurité est surtout due aux conducteurs de deux roues qui bravent les interdits et surfent sur ce qui est appelé à tort telle une litanie « les moyens de déplacement doux« .
Entre le discours et la réalité, une brèche géante s’est ouverte entre les usagers de ces engins et les piétons qui crée colère, frustration et incompréhension. Si la communication de la mairie arrive à point nommé, elle n’est pas percutante et va jusqu’à laisser accroire (à dessein ?) que les principaux fautifs sont surtout les automobilistes puisque l’article de son site conclut que le refus de priorité est passible d’une perte de 6 points sur le permis de conduire et d’une amende de 135 € ! Ceux qui se déplacent à pied savent que ce sont surtout les trottinettes, planches à roulettes, segways, gyro roues, rollers et les bicyclettes qui créent le plus d’insécurité. La piétonnisation de nombreuses rues, les pistes cyclables, l’emprise des terrasses sur la chaussée ne font qu’accroître le danger, tant règne une forme d’anarchie devenue intolérable car justement par trop tolérée par ceux qui devraient faire en sorte que soient verbalisés tous les contrevenants.
Mieux vaudrait donc une action plus ciblée et ferme rappelant que les accidents ne sont pas un épiphénomène mais un problème de sécurité publique. Pourquoi d’ailleurs ne communique t-on pas davantage et de façon régulière sur le nombre d’accidents, de blessés et de morts malheureusement dus aux deux roues ? Il s’agit d’une forme de prévention qui ne doit pas être négligée. La police municipale doit de son côté se montrer, se placer aux carrefours dangereux, anxiogènes pour les piétons et publier périodiquement le nombre de PV dressés pour ce type d’incivilités. Tout le monde sait par expérience que faire de la pédagogie dans le monde d’aujourd’hui est sans effet.
Nous insistons donc auprès des édiles pour qu’ils aillent plus loin sur ce plan en évitant de charger les automobilistes de tous les maux et en étant transparents quant aux abus des deux roues.
Il n’est pas inutile de rappeler des conseils de prudence aux piétons, mais il serait plus urgent encore de s’adresser avec fermeté aux cyclistes et deux roues de toutes espèces – verbalisations à l’appui -pour les enjoindre de respecter les passages dits « protégés » et les trottoirs!