Revirement salutaire sur la piétonisation du centre de Paris

Nous avons été parmi les premiers à souligner combien la décision de piétonniser le centre de la capitale, c’est-à-dire renforcer davantage encore les restrictions de circulation,  n’était pas bonne.  L’annonce qui avait été faite en mai par la Maire de Paris avec date d’application en 2022, avait pour but notamment de supprimer toute entrée  en voiture et toute circulation de transit dans Paris Centre et une partie des Ve, VIe et VIIe arrondissements, non loin du boulevard Saint-Germain.

Nous avions à cette occasion souligné, au-delà des allégations officielles mettant en avant la diminution de la pollution, que mécaniquement il y aurait un report du trafic vers d’autres arrondissements et qu’il s’agissait d’un jeu à somme nulle voire pourvoyeur de davantage de CO2 et particules, un simple déplacement de la pollution. Seuls les pollués sont différents comme l’a démontré une note publiée par l’Institut des Politiques Publiques selon laquelle la fermeture de la voie Georges  Pompidou a eu des conséquences sur les conditions de circulation sur le boulevard périphérique  et a exposé à davantage de pollution les résidents aux abords de ces voies.

Cet effet d’annonce n’est pas resté sans réaction puisqu’aujourd’hui nous apprenons que la mesure est reportée pour 2023 et a des chances sans doute de ne jamais voir le jour.  Paris en effet,  et les quartiers du centre en particulier,  n’a pas de raison d’être ghettoïsé  même en  promettant, alors que la décision était prise, une pseudo consultation des habitants. Quant aux conséquences d’une telle décision, elles sont connues.  Une ville musée envahie de touristes. Une activité commerciale et artisanale en berne (à l’image des commerces de la rue de Rivoli), le Maire de Paris centre a d’ailleurs rencontré leurs représentants inquiets. La plupart des quartiers resteront soumis aux nuisances sonores en raison de la multiplication des terrasses, ils deviendront pour l’occasion des terrasses géantes dédiées aux bars qui sont l’objet, rappelons le, de toute la bienveillance de l’équipe municipale. Mentionnons aussi tous les engins de mobilité dite douce qui continueront à circuler amenant plus d’insécurité dans les déplacements des piétons et l’absence de mesures compensatoires en matière de transports en commun. Une pétition contre ce projet a réuni 1 900 signatures. Enfin il est vraisemblable que le mouvement de départ des Parisiens du centre de Paris s’accélérera. Il y a aussi fort à penser que le prix de l’immobilier baissera comme cela a été constaté à Bruxelles qui a  mis en œuvre  une zone de trafic limité.

Pour justifier ce revirement, le discours officiel met en avant le nombre trop important actuellement de dossiers à traiter en lien notamment avec les futurs jeux olympiques, La piétonnisation de Paris n’apparaitrait plus comme une urgence…  En fait, et les médias sont à l’unisson sur cette analyse, la  polémique qui a  suivi cette annonce conduit la Maire, dont on connait les ambitions électorales, à essayer d’apparaitre moins radicale dans ses décisions et davantage consensuelle.

Les élections présidentielles passées, nous verrons si ce dossier restera lettre morte  ou non, une étude d’impact étant en cours. Nous avons appris à demeurer vigilants sur ces sujets sensibles.

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