Depuis que la Maire de Paris a décrété que les épreuves de natation des jeux olympiques se dérouleraient dans la Seine, on ne compte plus les articles de presse et les déclarations à ce sujet. La qualité de l’eau du fleuve s’est améliorée mais il reste encore sale puisque les épreuves annoncées de natation en eau libre ont été annulées au début du mois, en raison, a t-il été annoncé, de fortes pluies. Toutefois de tests de natation prévues ce jour ont été elles aussi décommandées.
Comme l’a précisé FR3 aux actualités régionales du 08 août « Pourra-t-on un jour nager dans la Seine à Paris ? Entre promesses électorales, espérances environnementales et enjeux sportifs, se baigner au cœur de Paris est un long serpent d’eau… douce…«
De tout temps la Seine a attiré les baigneurs mais la mode des bains dans la Seine le long du quai Sully date, d’après les historiens, du milieu du XVIIe siècle, [voir gravure illustrant l’article (*)]. En ce temps là, les baigneurs étaient nus jusqu’à ce que cela soit interdit à la fin du siècle. On en vient alors à installer, à l’aide de barges, des piscines flottantes remplies avec l’eau du fleuve. La première, en 1801, était la piscine Deligny (**). On en compte une vingtaine a la fin du XIXe siècle ainsi que des « bateaux d’eau chaude ». Il existe aussi des laveurs et tondeurs de chiens installés sur les quais qui utilisent l’eau de la Seine.
Les piscines dites terrestres que nous connaissons aujourd’hui tueront celles dans la Seine. Cependant des Parisiens continuent à se baigner dans le fleuve où des compétitions ont lieu. En 1923 la baignade est interdite par arrêté préfectoral en raison du trafic fluvial mais aussi de la pollution de l’eau. La brigade fluviale que l’on voit depuis les ponts et les quais veille au respect de cette réglementation.
En 1988, le Maire de Paris, Jacques Chirac, lors d’une lâcher de brochets, annonce que la baignade sera possible dans les 5 ans qui suivront. Pari non tenu. Le dossier restera lettre morte. Il réapparait au début des années 2 000 et surtout lorsque Paris est retenue pour organiser les JO de 2024, les épreuves de triathlon pouvant avoir lieu dans la Seine à la hauteur de la Tour Eiffel. Tout un symbole…politique. Mais les tests a dû être jusque maintenant annulés ainsi que nous le précisons plus haut en raison du débordement des égouts suite à de fortes pluies. La Maire se dit néanmoins confiante pour la suite et la tenue des jeux l’an prochain, de même que pour la baignade réservée au public dès 2025. 3 sites ont été retenus, « Le Bras Marie » (ex 4e), Bercy (12e) et Grenelle (15e).
Afin de tenir cette échéance, il faut améliorer la qualité de l’eau (selon les normes européennes) et éviter les débordements lors des fortes pluies. Pour ce faire un bassin de stockage de 50 000 m3, en passe d’être achevé a été construit dans la quartier Austerlitz, afin d’éviter le déversement dans la fleuve des eaux usées et dans l’attente de se déverser ensuite dans les égouts pour traitement. Il a été demandé aussi aux propriétaires d’immeubles où les eaux usées et fluviales ne sont pas séparées, ainsi qu’aux propriétaires de péniches d’engager des travaux. Le but, outre la baignade, étant surtout de protéger l’écosystème du fleuve.
Il est intéressant de souligner que pouvoir se baigner dans la Seine aura coûté 1,4 milliards d’€. La somme étant répartie entre l’Etat et les collectivités publiques dont l’Agence de l’eau Seine Normandie.
(*)Tableaux de Paris, numéro 55 : la pleine eau », 1821. Gravure de Marlet. Paris, musée Carnavalet.
(**) La piscine a coulé en 1993. Elle fut « remplacée » par la piscine Joséphine Baker (13e)