Se mobiliser pour le patrimoine est vital

Dans une récente interview (*) Stéphane Bern alertait les décideurs mais aussi les Français sur « le désastre » que nous encourons « si nous ne nous mobilisons pas pour le patrimoine ».

Prenant comme prétexte sa rencontre avec l’association qui s’oppose à la construction de tours près de la « Seine musicale » sur l’Ile Seguin et préconise d’aménager à la place des espaces verts, le présentateur sur le point de lancer la 4ème édition du loto du patrimoine a indiqué combien il était important de s’engager en faveur de la protection et de la réhabilitation du patrimoine, y compris le patrimoine naturel.
Et de citer la démolition de La chapelle Saint-Joseph à Lille, malgré de nombreuses oppositions, l’édifice ayant le désavantage d’être du XIXe siècle et de ne pas être classé. Pour Stéphane Bern il s’agit d’un « signe dévastateur. » Victor Hugo ajoute t’il « dénonçait déjà l’Etat démolisseur.» Souvenons nous des hôtels du Marais aujourd’hui disparus et qui ont été sacrifiés à la fin du XIXe et au début du XXe siècles. C’est ainsi que le splendide Hôtel d’Effiat fut démoli en 1882 pour laisser place à un lotissement, la rue du Trésor (4e). Plus récemment l’amputation des serres d’Auteuil a fait débat et actuellement, c’est la destruction, malgré son classement, du pavillon Napoléon III à Saint-Cloud qui scandalise l’animateur télé. Ce dernier s’inquiète aussi de la baisse du montant des fonds récoltés (127 millions € en 3 ans) à l’occasion de l’édition du loto du patrimoine 2020, alors qu’une nouvelle édition va être lancée prochainement en pleine pandémie. La Française des Jeux a déjà fait savoir qu’elle abonderait le montant des sommes qui seront recueillies. Mais ce qui est important résulte de la crise accentuant les difficultés que connaissent les propriétaires privés et publics de monuments qui doivent faire des choix de financement, alors que les fonds injectés dans l’entretien et la restauration du patrimoine permettent de faire travailler 35 000 artisans d’art.  « Si on laisse le patrimoine de dégrader »  conclut-il, après avoir affirmé son souhait de voir rouverts rapidement les monuments et les musées « les futures générations n’auront plus le lien avec leur passé. »
Ces  réflexions s’appliquent tout autant à Paris. Le patrimoine cultuel qui a souffert d’un manque d’entretien pendant de trop nombreuses années semble désormais davantage considéré, mais l’effort doit être maintenu.  La ville est en effet propriétaire de 96 édifices cultuels (85 églises, 9 temples et 2 synagogues), de 130 orgues ainsi que d’hôtels particuliers, de musées, de 500 statues, de fontaines, de ponts, de places historiques et autres monuments dont l’enceinte Philippe Auguste… Le suivi de tout ce patrimoine est assuré par 2 services, la Conservation des œuvres d’art religieuses et civiles et le Département des édifices cultuels et historiques. Quant aux 14 musées (Petit Palais, Carnavalet, Palais  Galliera…), ils sont gérés par l’établissement public local Paris Musées (chargé de la mise en valeur des collections, de la programmation d’expositions et de la réalisation de publications de haut niveau notamment). Les monuments les plus emblématiques (Notre Dame, le Panthéon, l’Arc de Triomphe, la Conciergerie, la Sainte Chapelle…) relèvent eux de l’Etat au travers du Centre des Monuments Nationaux (CMN). Les rôles sont donc bien répartis. Seulement le désengagement progressif de l’Etat, l’entretien du lourd patrimoine immobilier de la ville qui s’est alourdi au cours des dernières années de nombreux logements sociaux conduisent à faire des choix d’investissement au détriment du patrimoine historique. Des efforts ont été réalisés depuis peu mais il faut en faire davantage et chacun de nous doit y contribuer au travers par exemple du budget participatif en proposant des dossiers de restauration ou dans le cadre des conseils de quartier en attirant l’attention sur les édifices méritant des restaurations, ce qui au passage rendra ces conseils plus utiles. Il ne faut pas non plus hésiter à alerter les élus comme ce fut le cas pour la Fontaine des Innocents,  sans oublier de dénoncer les dégradations (tags, affiches sauvages sur les murs d’un monument..,) lors de rencontres et d’échanges avec nos élus.
Le patrimoine nous appartient, il est notre mémoire, le témoin de notre passé. Il importe donc de le protéger, chacun à notre niveau sans « jamais baisser la garde », même pour cause de pandémie à l’instar des recommandations de Stéphane Bern et d’autres passionnés du patrimoine. L’exemple de Notre-Dame nous laisse beaucoup d’espoir. 
(*) Le Figaro du 14 février 2021

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