Une exposition discutable sur les bistrots

Une exposition en cours intitulée « Au bonheur des bistrots » se tient jusqu’au 31 mai dans les locaux de l’Hôtel de ville 29, rue de Rivoli (ex 4e).

La mairie doit-elle soutenir ce type d’exposition ajoutant au titre évocateur le commendataire suivant « Une exposition qui donne envie d’aller au bistrot »  ? Certes nous connaissons sa propension a soutenir cette profession qui a, comme nous l’avons montré fréquemment, bénéficié et bénéficie plus que toute autre profession des largesses municipales (en particulier les terrasses saisonnières). Mais derrière cette nouvelle publicité née de cette exposition de 42 photographies de Pierre Josse et Pierrick Bourgault, se posent les questions de la surconsommation d’alcool, des nuisances diverses  – le bruit en particulier – causés par des bars et bistrots dans des quartiers qui ont conduit certains habitants à partir.

Il n’est donc pas judicieux qu’une autorité, fut-ce t’elle municipale, parraine une telle exposition. Certes elle véhicule l’image d’un Paris festif mais qui était autrefois tout autre. Une époque où les gens se respectaient, où la vie n’était pas forcément plus simple mais était davantage bon enfant. certes comme il est écrit les bistrots créent de la convivialité, du lien social et de l’ « ambiance sans frontières« . Le temps de l’abbé Moreau qui en 1884 inventa le mot bistrot dans son livre « Les souvenirs de la Roquette »  ou des Auvergnats/bougnats est révolu. D’ailleurs affirmer que « toutes les catégories sociales se mêlent au bistrot, ce qui fait leur richesse » dans les commentaires de cette exposition, est-il bien en phase avec la réalité d’aujourd’hui où sont dénoncés l’individualisme et l’égoïsme assumé.

Ce n’est pas sans raison que « les bistrots ont tendance à disparaître. Alors qu’on dénombrait en France encore plus de 45 000 établissements au début de la décennie, leur nombre a diminué en moyenne de 2,8 % par an sur la période 2011-2016. » Nous sommes encore loin de la disparition effective des bistrots, l’alcoolisme souvent combiné à la prise de stupéfiants a encore hélas de beaux jours devant lui. Noyer ses difficultés et ses soucis dans l’alcool en ces temps si difficiles est fréquent. Aussi promouvoir les bistrots, même au travers d’une exposition sur des temps passés, n’est peut-être pas dans l’air du temps, ni appropriée en ce moment. La photographie qui illustre cet article reprise sur le site annonçant l’exposition montre un bar au nom évocateur « Liberté », est-ce fait à dessein ou non (?) car, là encore, après l’épisode de la Covid le décalage est sur ce plan lui aussi significatif!   

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *