Une salle de shoot aux Halles. est-ce bien raisonnable ?

La presse a repris en chœur récemment le souhait de la mairie de Paris d’ouvrir de nouvelles salles de shoot dont une aux Halles. La ville a précisé comme à l’accoutumé que « les habitants des quartiers envisagés pour accueillir ces salles seront consultés. Une réunion avec l’agence nationale de santé, et les préfets de police et de région est prévue en novembre » etc… etc…  Blablabla blablabla.

Comme à chaque fois le même scénario (la même chanson pourrions-nous dire) est mis en place , On annonce  une éventuelle décision mais surtout est-il ajouté aussitôt,  elle sera soumise préalablement au bon peuple des quartiers retenus dans le cadre d’une « consultation citoyenne » qui leur est réservée avec d’éventuelles autres instances afin de donner l’impression qu’un cadre démocratique a été mis en place pour la mise en œuvre de la mesure. En fait tout étant déjà engagé, seuls les naïfs peuvent encore être trompés.

Une salle de shoot ou SCMR (salle de consommation à moindre risque) aux Halles, plus encore que dans d’autres quartiers est une hérésie. En effet, s’il apparait de plus en plus urgent de prendre des mesures face au nombre grandissant des consommateurs de crack  (la fameuse colline du crack  près du boulevard de la Chapelle dont il est souvent fait état compterait plus de 500 usagers pour la plupart en situation difficile socialement et médicalement, hébergés en hôtel),  le quartier des Halles est inapproprié.

Les habitants, els commerçants et les personnes qui travaillent à proximité de la salle de shoot installée dans le Xe arrondissement déplorent son ouverture. ils estiment  que leur vie a été bouleversée. Ce type de lieu attire en effet les usagers et beaucoup consomment sans se rendre dans la salle qui leur est réservée, fréquemment d’ailleurs à la vue de tous,  Une sénatrice interpelait déjà (question écrite n° 00138) le ministre de l’intérieur en 2017  sur les conséquences constatées après l’installation de la première salle à Paris, citant les  »  batailles rangées d’une extrême violence entre bandes rivales de toxicomanes et dealers, prostitution, bagarres régulières, saleté, hygiène déplorable… tels sont entre autres les désagréments dont sont victimes les riverains résidant à proximité de salles de shoot, qui lancent un véritable cri d’alarme à la suite d’incidents graves qui les contraignent de vivre sous les menaces, avec une situation qui dégénère de jour en jour et une présence policière de plus en plus rare. »

Le quartier des Halles est un quartier très spécifique. Outre le centre commercial,  convergent à la gare Châtelet-Les Halles 3 lignes de RER et 5 correspondances de lignes de métros où passent annuellement 33,5 millions de voyageurs, ce qui en fait la gare souterraine la plus importante d’Europe.  Le Centre commercial reçoit (hors pandémie) 150 000 visiteurs quotidiennement, soit 34 millions par an, ce qui en fait le 3éme centre le plus visité de France. Le conservatoire du Centre est fréquenté par des enfants et des adolescents que n »accompagnent pas systématiquement leurs parents. Les touristes se rendent aussi sur ce site pour visiter le Paris pittoresque comme la rue Montorgueil et les monuments qui s’y trouvent (l’église  Saint-Eustache et bientôt le nouveau musée Pinault installé dans l’ancienne Bourse de commerce). Historiquement les restaurants y sont aussi en nombre. Mentionnons enfin les aires de jeux pour enfants et les jardins dont la sécurité risque fort de ne plus pouvoir être assurée.

Au regard de ces particularités, il est certain qu’une salle de shoot est incompatible avec la spécificité du quartier animé s’il en est, le jour mais aussi le soir, et qui, au-delà des nombreux commerces qui y sont implantés, compte beaucoup d’habitants.

Bien qu’il existe plus de 5 000 fumeurs de crack dans le Nord Est de la capitale qui méritent sans aucun doute d’être suivis du fait de leur fragilité,  il faudra trouver un autre site que celui des Halles. Les halles ne sont vraiment pas adaptées pour y établir une SCMR, d’autant que ces salles ne sont en réalité que des pis-aller face au fléau de la consommation de drogue et des pourvoyeurs qui l’entretiennent.

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