L’affaire du réaménagement intérieur de Notre-Dame, tout autant qu’il en fut pour la reconstruction de la flèche, fait couler beaucoup d’encre.
La proposition du diocèse de Paris a reçu un avis favorable de la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture. Commission qui réunit des experts et des élus et dont le président n’est autre que le sénateur Éric de Montgolfier. Il faut retenir selon les termes repris par l’AFP que l’accord porte «sur l’axe liturgique central et le mobilier (baptistère, autel, tabernacle) qui devra être conçu par le même créateur ». Ce dernier n’a pas été encore choisi. Parmi les points à revoir par l’archevêché figurent les statues XIXe des chapelles qui devront rester à leur emplacement initial et non le long des grands piliers de la cathédrale. L’espace de prière qu’il était prévu d’installer dans le chœur ne verra pas le jour à cet endroit, la commission souhaite protéger le sol datant du XVIIIe siècle. Quant à la proposition de bancs modernes sur roulette (faciles à déplacer) disposant de luminions, les experts sont dubitatifs et demandent que leur soit soumise une autre solution sans monte-charge pour les descendre dans la crypte afin de libérer l’espace aux visiteurs.
Reste la question des œuvres d’art contemporain et les projections de phrases de la Bible en plusieurs langues sur les murs. Aucune décision n’a été arrêtée car la commission n’est pas compétente en la matière. Quid d’ailleurs du mariage de ces œuvres nouvelles et des projections avec les statues anciennes et les fameux « mays », ces grands tableaux offerts chaque année aux XVIIe et XVIIIe siècles par la corporation des orfèvres parisiens (il en reste une cinquantaine dont 13 à Notre-Dame sur les 76 que comptait la cathédrale jusqu’à la Révolution) ? Ces peintures réalisées par les plus grands peintres devront être mis davantage en lumière car leur histoire est peu connue des Parisiens et des visiteurs.
Les critiques ont fusé et risquent encore d’entretenir la polémique entre les tenants du modernisme et ceux qui souhaitent que Notre-Dame soit restituée telle qu’elle était au moment de l’incendie. Les détracteurs (y compris dans un journal anglais ?) les plus « remontés » et connus tel Stéphane Bern ont publié dans Le Figaro et La Tribune de l’Art, avant que la commission se réunisse, un billet argumenté fustigeant en des termes peu amènes le projet. Il n’est pas certain que la décision de la commission, que semble soutenir le ministère de la culture, les satisfassent.
In fine nous espérons que le bon sens l’emportera une nouvelle fois. Pour des questions de circulation facilitée des visiteurs, il n’est sans doute pas opportun de modifier l’intérieur d’un monument multiséculaire dont l’histoire est associée à celle de la France. Les réactions qui ont suivi le drame de 2019 parlent d’elles-mêmes.