La Seine sera t’elle « baignable » au moment des JO ?

Les vents contraires s’accumulent sur la qualité de l’eau de la Seine et la Maire de Paris risque de perdre son pari de se baigner dans la Seine peu avant les jeux… De nombreuses sources reprises par la presse s’étonnent de cet entêtement des autorités à vouloir à tout prix rendre le fleuve « baignable ». Certains athlètes concernés par les épreuves prévues dans la Seine réclament la mise en place d’un plan B.  Certes un effort financier considérable a été engagé pour transformer le fleuve en cours d’eau propre pérenne (soit 1,4 milliards d’€, montant du plan baignade lancé en 2018 !) car après les épreuves olympiques (nage libre, triathlon…), 20 sites de baignade seront ouverts dans la région l’an prochain.

Rappelons que les épreuves test de l’année dernière n’avaient pas été concluantes, les fortes pluies répétées font que mécaniquement, le réseau étant ainsi conçu, les eaux usées se déversent dans la Seine où pullulent alors « les bactéries E. coli et entérocoques intestinaux« . En fonction de leur concentration elles sont les marqueurs de la « baignabilité » d’un cours d’eau (une règlementation européenne datant de 2006) (*). Il est toutefois précisé à ce propos par la préfecture que « la baignade dans la Seine était possible en moyenne 7 fois sur 10 entre le 1er juin et le 7 septembre 2023« . Il est ajouté, outre plusieurs stations d’épuration déjà mises alors aux normes, que « d’autres ouvrages structurants n’étaient pas encore prêts » et toujours en cours à ce jour. Le but étant dans ce dernier cas d’éviter justement la contamination de l’eau en cas de fortes averses.

L ‘eau ne devant plus déborder dans les égouts et aller polluer le fleuve. Il ne doit plus recevoir non plus « d’un certain nombre de foyers, leurs eaux usées dans un unique réseau qui se termine dans les pluviales, et, in fine, directement dans la rivière ou dans le fleuve. » Les travaux de canalisation sont malheureusement lourds et longs. Des aides financières, parallèlement à une simplification des procédures, ont été apportées aux foyers concernés (7 000 propriétaires sont dorénavant en conformité, mais il faut accélérer pour les propriétaires non raccordés qui sont encore nombreux). 80 % des péniches elles aussi visées (on en compte plus de 260) seraient dorénavant raccordées.

Pour ce qui est aussi un enjeu écologique majeur, d’autres gros travaux ont été lancés dont le remplacement de collecteurs d’eaux usées de plusieurs communes nécessitant l’intervention de tunneliers, une usine de dépollution a été construite à Champigny-sur-Marne, un siphon créé sous la Marne entre Noisy- le- Grand et Neuilly- sur- Marne et un grand bassin de stockage (dit bassin d’orage) de 50.000 m 3 (soit 20 piscines olympiques) pourra stocker dès la fin de ce mois les eaux pluviales afin de diminuer les déversements d’eaux des égouts dans la Seine pendant les épisodes de pluie.

Enfin il reste une autre gageure, celle de terminer la canalisation de 8 km toujours en construction qui transportera les aux usées en amont de la capitale vers l’usine de traitement de Valenton. N’oublions pas non plus toute l’organisation à mettre en place afin de ramasser les objets flottants.

Jusqu’à la date fatidique du commencement des épreuves, les organisateurs et ceux qui ont œuvré pour réaliser tous ces travaux de dépollution de l’eau de la Seine scruteront avec anxiété la météo qui sera en dernier ressort la juge en la matière. 35 points ont été définis pour effectuer, à compter du 1er juin, des prélèvements quotidiens. N’en déplaise au Président de la République qui ne peut pas à lui seul décréter comme il l’a fait récemment face à la presse qu’à date, la Seine serait « baignable ».  A suivre

 

 

(*) Sur 14 prélèvements concernant la qualité bactériologique de l’eau que l’ONG Surfrider  Foundation  a effectués entre fin septembre 2023 et fin mars 2024 sous les ponts Alexandre III et de l’Alma, siège des futures compétitions, treize se révèlent «au-dessus voire très largement au-dessus» des seuils recommandés pour la baignade.

Source : Le Figaro du 13 mars 2024, Citoyens .com du 02 mars 2024 Libération du 08 avril 24

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