Les taxis volants, pour quelle utilité durant les Jeux olympiques ?

Les médias s’en félicitent, les JO vont permettre à Paris d’être la première capitale au monde à lancer le transport aérien urbain. L’hélicoptère Volocity conçu par la start up allemande Volocopter (*) fonctionne à l’électricité, décolle et atterrit verticalement. Seule spécificité, ce mode de transport ne servira cet été qu’ à quelques privilégiés « invités » et à aucun passager payant. Une sorte de super test (après une expérimentation de 2 000 heures de vol) car toutes les autorisations pour faire de ce service un service commercial n’ont pas été obtenues. La DGAC et l’agence européenne de la sécurité aérienne (EASA ) n’ont pas encore donné leur feu vert définitif. Les responsables de l’entreprise estiment être très proches de l’obtention d’un permis de vol.

A priori, en l’état des discussions actuelles, 3 à 5 liaisons par jour pourraient être autorisées entre l’héliport d’Issy les Moulineaux et le « vertiport » (**) d’Austerlitz situé sur une barge sur la Seine (voir photo illustrant l’article). D’autres liaisons sont prévues entre Le Bourget et Roissy Charles de Gaulle, ainsi qu’entre Issy les Moulineaux et l’aérodrome de Saint-Cyr l’Ecole.  Selon les médias ces vols seront réservés aux élus locaux, politiques, journalistes, contrôleurs aériens, sportifs et autres  « happy few » « invités par Volocopter et le groupe Aéroports de Paris « … Mu par 18 moteurs électriques faisant peu de bruit et doté d’un rayon d’action de 21 km, le Volocity présente une contrainte forte, celle de ne pouvoir transporter qu’une seule personne en plus du pilote ! Autant dire qu’il s’agit vraiment d’un gadget.

L’appareil soutenu par la région IDF était-il si nécessaire et indispensable pour ces jeux où il y a déjà tant à faire, tant à régler, tant à surveiller et tant de coûts ?  Plusieurs élus dont le maire du XVe arrondissement posent la question ? La réponse de l’entreprise à ces objections est que cet engin pourra bientôt se présenter en version sanitaire (en partenariat avec l’AP-HP et les services d’urgence allemands) afin de réduite les temps d’intervention. Des partenariats ont été signés avec Rome (Jubilé 2025 lancé par la Pape), Osaka (exposition universelle  2025) et Neom la ville futuriste en cours de construction en Arabie saoudite, et sont mis en avant.  D’autre part 100 commandes d’appareils sont d’ores et déjà enregistrées. L’entreprise qui a déjà levé 250 millions d’€, devrait lever encore 500 millions d’ici la fin de l’année et travaille dès à présent à l’élaboration d’un modèle à 4 places, avec un rayon d’action de 200 km, et un modèle pour le transport du fret.

Tout ceci est intéressant mais reste la question, la technologie allemande de niche avait-elle sa place aux JO de Paris ?

 

PS: Selon Le Parisien du 02 mai 2024, « une trentaine de militants (NDLR d’Extinction Rebellion) ont jeté de la peinture sur le bâtiment de la Direction générale de l’aviation civile (XVe). Une action éclair menée pour dénoncer le projet d’expérimentation des taxis volants électriques pendant les Jeux. »

(*) Les principaux actionnaires sont les constructeurs allemand Daimler et chinois Geely ainsi que l’informaticien américain Intel.

(**)  Zone dédiée (NDLR : où l’on peut atterrir verticalement)  qui fournit les infrastructures nécessaires au transport aérien commercial sur des passagers  ou des marchandises voyageant par hélicoptère. Ils doivent être facilement accessibles  et reliés à de bons services d’accès aux rue aux gares ferroviaires, aux bus…(définition de l’EASA)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *