Beaucoup d’informations circulent depuis la rentrée sur le retournement en cours du marché de l’immobilier. Avec les difficultés économiques conséquences de la montée de l’inflation qui est combattue par la remontée des taux, une certaine frilosité des banques, bien normale compte tenu non seulement de la réglementation (*), à laquelle elles sont soumises en matière de crédit, mais aussi en raison du contexte économique de baisse du pouvoir d’achat suite au renchérissement des prix, notamment de l’énergie, il n’en fallait pas plus aux cassandres pour s’engouffrer dans la brèche et affirmer doctement que le marché de l’immobilier allait ou était en passe de s’effondrer. Heureusement que nous n’en sommes pas là car ce serait un très mauvais signe sur la plan économique et un indicateur de mauvaise santé du pays.
En réalité la situation n’est pas la même partout en France. Et pour ne parler que des très grandes villes nous assistons à plusieurs évolutions en même temps. La première d’entre elles déjà évoquée ici, est l’exode d’un nombre non négligeable de citadins vers la petite couronne et la province consécutivement à la pandémie du Covid, à la multiplication des terrasses et du bruit, aux difficultés de circulation et à la dégradation de la qualité de vie dans les grandes agglomérations. Paris constituant sur ce plan un cas d’école tout particulier. Les prix atteints pour se loger à Paris ou d’autres métropoles deviennent dissuasifs. D’autant plus dissuasif que la montée des taux liée à une baisse du pouvoir d’achat excluent mécaniquement des candidats potentiels d’emprunter et d’investir dans une bien immobilier pour s’y installer notamment les primo accédants. Parallèlement dans des quartiers comme les nôtres l’offre reste cependant anémique en raison d’un marché tendu conséquence de la multiplication effrénée des logements sociaux, des locations saisonnières qui ont repris de la vigueur depuis le printemps et des non résidents étrangers qui aspirent à disposer d’un pied à terre dans la capitale quitte à le payer fort cher.
Certes le marché n’est plus aussi euphorique qu’il y a un an. Reste cependant à savoir comment vont évoluer les taux si jamais une récession couplée à l’augmentation du taux d’inflation s’installait durablement? Quant aux baromètres censés donner la température du marché, il faut raison gardée car ils globalisent la plupart du temps l’ensemble de la France ou ne porte que sur une région. Paris est de ce côté à part et ses disparités sont légion. Si nous nous focalisons sur Paris Centre, l’étude réalisée par Le Figaro Magazine du 23 septembre révèle à partir des statistiques de la Chambre des notaires que le prix du m2 dans la capitale a baissé de 1,2 % en moyenne sur un an. Toutefois il augmente de 0,7% dans l’ex 2e avec en revanche des replis allant de 1,7à 5,4 % pour les 3 autres ex arrondissements. Mais là encore, dans chacun des secteurs, les variations divergent (+6,6% pour le quartier des Halles, +2,4 % pour celui des Archives et +8,3 % pour Saint-Gervais)? A ces constats s’ajoutent des délais de vente moins rapides mais encore très raisonnables.
La plus grande prudence s’impose donc sur le marché de l’immobilier de nos quartiers d’autant qu’entrent aussi en ligne de compte certains éléments tels un « mauvais plan, un étage bas et sombre, un fort vis à vis… » mais les prix se maintiennent à des niveaux très élevés « entre 12 600 et 15 000€/m2« , ce qui ne facilite pas l’accès à la propriété des plus jeunes. N’oublions pas enfin qu’en période de forte inflation la pierre reste la valeur refuge par excellence.
(*) Le plafond du taux de l’usure qui ne peut être dépassé a été fixé le 1er octobre à 3,05%, contre 2,57 % auparavant ce qui est plutôt positif pour les emprunteurs mais reste bas. Pour les prêts de plus de 20 ans. Les banques ne peuvent pas prêter au-delà de 25 ans, les mensualités sont limitées à 35% maximum des revenus et un apport personnel est nécessaire. Limites et ratios qui font l’objet de contrôles des banques de la part de leurs autorités de tutelle.