Depuis quelques mois déjà, la mairie de Paris communique sur les efforts budgétaires qu’elle mène à bien afin de restaurer les fontaines parisiennes qui en ont bien besoin. Le retard pris dans ces travaux d’entretien est immense tant les fontaines concernées, en triste état, sont nombreuses. Nous avons écrit à plusieurs reprises des articles à ce sujet. En effet, lorsqu’une ville dispose d’un tel patrimoine loin d’être banal même en comparaison d’autres édifices patrimoniaux plus conséquents, l’équipe aux manettes se doit de l’entretenir.
Nous avons donc accueilli avec satisfaction l’annonce de la restauration de plusieurs fontaines de notre arrondissement. Sont concernées la fontaine des Innocents dont la remise en état sera sera longue tant son état est problématique à force d’attendre, la fontaine Molière dont nous avons déjà évoqué l’intérêt dans un article de mars 2021, la fontaine Stravinsky prés de Beaubourg œuvre conjointe de Jean Tinguely et Niki de Saint Phalle, la fontaine du Palmier place du Chatelet commandée par Napoléon 1er pour commémorer ses victoires et construite par François-Jean Bralle (1750-1831) et les deux fontaines du Théâtre français érigées sous la direction de Gabriel Davioud dans le quartier du Palais Royal, place André Malraux, au carrefour de l’avenue de l’Opéra et de la rue de Rivoli.
Il s’agit, nous l’espérons, d’une première liste comme un premier geste à l’égard de ces témoins du passé et de ceux qui avaient du mal à se convaincre qu’elles étaient à l’abandon, et nous appelons de nos vœux qu’elle soit suivie d’autres restaurations. Ces bassins sans eau et donc sans vie attristent tous les amoureux de ce patrimoine fontainier et les quartiers où chacun avait l’habitude de les voir en fonction avec le bruit si caractéristique de l’eau en mouvement.
Il reste malheureusement encore beaucoup à faire pour que revivent les autres fontaines en sommeil. L’une d’elle attire tout particulièrement notre attention. Il s’agit de la fontaine Joyeuse 41, rue de Turenne (ex 3e) édifiée en 1847 dans le cadre du grand « plan fontaines publiques » de la ville qui à cette époque était destiné à améliorer l’alimentation en eau des habitants. Elle a été réalisée par le sculpteur Isidore Romain Boitel (1812-1860), un élève de David d’Angers. Malgré ce pedigree prestigieux, malgré une importante restauration en 2008, cette fontaine qui ne fonctionne plus se trouve actuellement dans un état d’abandon déplorable voire indigne. Les grilles sensées la protéger très rouillées sont ouvertes et tout un chacun peut y pénétrer. La saleté règne en maître et visiblement elle n’est plus nettoyée. Elle avait pourtant de l’allure, insérée qu’elle se trouve dans une arcade ouverte avec sa niche en cul de four et ses sculptures d’animaux aquatiques et de roseaux, sa statue en fonte d’un petit enfant portant une jarre inclinée d’où l’eau provenant du canal de l’Ourcq s’échappait pour rejoindre le bassin en forme de coquille.
Cet exemple illustre une nouvelle fois les incohérences de l’action municipale qui d’un côté consacre des sommes élevées pour doter de subventions totalisant plusieurs centaines de millions par an des associations. Or ces sommes ainsi distribuées le sont au détriment de dépenses qui permettraient de restaurer le patrimoine en souffrance au-delà d’importantes opérations de rénovation spectaculaires plus propices à la publicité et la communication officielles.