Les berges de la Seine, patrimoine de l’Unesco en péril

Nous reproduisons ci-dessous un article fort intéressant publié dans la Lettre n°178 d’avril 2022, par nos amis de l’association XVIe Demain (elle aussi membre de l’association Réseau Vivre Paris!) et intitulée « Les Rives de Seine . Patrimoine UNESCO en péril?  » Nous soutenons et partageons bien entendu la position qui est décrite ainsi que les  actions entreprises.

« L’association Monts 14 a saisi l’UNESCO et le président de la République pour une meilleure protection des berges de la Seine, dénonçant la multiplication des projets de grande hauteur (*) dont les tours Duo (Paris 13e) et maintenant la Tour Triangle (Paris 15e) (**). Les Rives de Seine, inscrites au Patrimoine de l’UNESCO depuis 1991, représentent 367 hectares compris entre les ponts de Bir-Hakeim et de Sully (espace en orange sur le plan ci-contre). Une plaque commémorative a été dévoilée le 15 septembre 2018 sur les rives de la Seine, quai de la Mégisserie. L’UNESCO insiste notamment sur l’intégrité urbaine et visuelle du site (grandes perspectives depuis les rives) … vulnérable aux pressions du développement immobilier, à la circulation automobile… et qui nécessite un contrôle rigoureux pour maintenir intacte sa valeur universelle exceptionnelle. C’est pourquoi cette institution a demandé la création d’une zone tampon où les constructions seraient limitées. La proposition faite par la mairie de Paris a été refusée par l’institution qui a jugé pas assez claire et précise la justification de la délimitation de la zone par rapport aux vues, aux menaces potentielles et à la manière dont elle pourrait soutenir la valeur exceptionnelle du bien.

En effet, il semble bien que, depuis longtemps, la mairie de Paris ne respecte aucune des deux perspectives majeures des berges de la Seine.
• Déjà, la tour Montparnasse haute de 210 mètres avait pris place à gauche de l’Assemblée nationale dans la perspective nord-sud : place de la Madeleine – place de la Concorde – Assemblée nationale.
• La première entorse à la convention signée avec l’UNESCO apparaît depuis peu dans la perspective ouest est avec la vue, depuis le quai des Célestins et la passerelle des Arts, des emblématiques tours Duo qui semblent vaciller sur elles-mêmes.
• La deuxième sera la tour Triangle qui, dans la perspective nord-sud, apparaîtra maintenant à droite de l’Assemblée nationale. En effet, les travaux de cette tour porte de Versailles au sud de la capitale, haute de 180 mètres, ont commencé fin 2021. Elle vient perturber la vue magique de l’enfilade de la rue Royale vers la place de la Concorde, le Palais Bourbon et, plus loin, le Dôme des Invalides. Paris n’a pas besoin de cette tour Triangle qui est avant tout un placement financier basé sur des bureaux.
À l’heure du PLU Bio climatique prôné par la mairie de Paris, on s’étonne de voir se multiplier les tours, les surélévations dérogatoires pour les serres de production agricole, les autorisations de « rooftops » qui ne cessent de s’immiscer dans le paysage de Rives de Seine et plus généralement à Paris.

Allons-nous laisser faire ? Participons aux prochaines réunions d’information sur le PLU !
https://www.paris.fr/pages/la-revision-du-plan-local-d-urbanisme-plu-17018« 

(*) N’oublions pas non plus la Tour Montparnasse qui dans le cadre de sa restauration inaugurera une serre bioclimatique dédiée à l’agriculture urbaine au 59ème étage, à 227 m du sol et accroîtra en conséquence sa hauteur de 18 mètres!

(**) Les travaux de cette tour de 180 mètres de haut ont démarré fin 2021 rue Ernest Renan sur un terrain de 7 435 m2 détaché du parc des expositions de la Porte de Versailles. Ce projet est combattu par les associations depuis 2008.  Le permis de construire du 12 juillet 2021 affiche une surface totale de 95 503 m2 (92 240 m2 de surface utile)  comprenant des bureaux , un hôtel et un  « sky-bar », des locaux de « coworking », des commerces, des restaurants d’entreprise, une crèche, un centre de conférence, un centre de santé,des équipements culturels, un atrium, un belvédère et un restaurant panoramique. Le permis bénéficie d’un « double état » autorisant la reconversion des bureaux en logements, sans doute au cas où le marché de bureau continuerait à se dégrader. La Ville révèle ainsi que les tours ne servent pas à loger les Parisiens comme elle le déclare, mais bien à satisfaire l’orgueil, ou l’hubris, des politiques et de leurs promoteurs. L’ouvrage  d’un coût de 700 M€, au bilan carbone désastreux, cofinancé par AXA, devrait être livré en 2026 et non plus comme c’était prévu pour les JO de Paris 2024.

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