La presse continue a surfer sur la saleté à Paris depuis le lancement du hashtag #SaccageParis », la mairie, et la Maire en première ligne, a beau pousser des cris d’orfraies et politiser le débat, les faits sont malheureusement là implacables et à la vue de tous. Tags sur les façades, herbes en bataille sur les trottoirs, rats, matelas déposés n’importe où des jours durant, détritus, dépôts sauvages, poubelles débordantes, pelouses jonchées de papiers, dépôts sauvages, plots jaunes hideux et cassés le long des pistes cyclables, trottoirs mal entretenus, armoires électriques défoncées, entourages d’arbres dans un état pitoyable, feux tricolores rafistolés avec du scotch, réapparition en nombre de déjections canines qui avaient pourtant un temps disparues, traces prégnantes à tous les coins de rues d’épanchements d’urine, affichage sauvage en nombre (les poseurs d’affiches agissent en plein jour sans aucune gêne). N’oublions pas le mobilier urbain souvent moche et maculé de tags et d’autocollants… La liste est quasi interminable et plus désolant encore elle s’allonge de jour en jour. l’adjointe à la propreté a fort à faire et doit affronter une tâche immense pour montrer que les Parisiens écœurés par cette situation sont écoutés. Ce qui d’ailleurs n’est pas garanti.
Contrairement à ce que prétend le premier adjoint de la maire il ne s’agit pas de tomber dans le « bashing systématique » mais simplement d’appliquer le principe de réalité, sans essayer de finasser pour se disculper. L’équipe municipale est en charge de la propreté, les comportements des habitants et des visiteurs ont pu certes changer, alors il faut s’adapter, mettre les moyens et en faire une cause prioritaire plutôt que de vouloir réformer, changer à tout crin. Quel sera l’état de Paris lorsque les touristes vont revenir en nombre ? Si jamais les jeux olympiques ont lieu, quelle vision pour les visiteurs d’un Paris sous l’emprise de la saleté…!
Selon des élus ayant travaillé sur ce dossier il apparait que des améliorations rapides pourraient être obtenues en simplifiant la chaîne décisionnelle, en renforçant davantage de coordination entre directions (les services de la ville fonctionnent trop souvent en silo et les responsabilités sont diluées ) revoir le plages horaires, l’équipement, éviter que « Dansmarue » dysfonctionne et que les signalements soient traités rapidement (il est aussi paradoxal que ce soit justement aux usagers de signaler la malpropreté)… Il faudrait aussi mieux entretenir le mobilier urbain existant plutôt que de vouloir en changer par des matériaux bruts banals, indignes de Paris. Les remèdes sont simples et connus mais ils ne sont pas appliqués ou trop partiellement.
Il est donc normal et triste à la fois aussi de lire sous la plume des journalistes et des commentateurs, « Paris se transforme en ZAD », « la saleté de Paris est consternante », il y a « mélange de lubies idéologiques et d’absence de total de sens esthétique », » c’est aux habitants de s’adapter »… » L’impression est que cette mairie n’aime pas le style parisien… » Et lorsque l’un d’eux affirme que « Dans les faits, notre capitale, chef-d’œuvre d’équilibre et d’harmonie, s’abîme à mesure que l’équipe municipale s’en occupe« , on a bien du mal a essayé de démontrer le contraire, ce qui est d’autant plus accablant.
Soulignons enfin que certains choix délibérés qui ont été faits, le développement de la bicyclette, la suppression de places de stationnement, la piétonnisation, la multiplication des terrasses pour ne citer que ces trois exemples rendent le nettoyage beaucoup plus compliqué et difficile alors que le nombre d’agents dédiés (7 000) a peu varié.
Pour une fois, la municipalité pourrait peut-être se montrer humble, ne pas faire la sourde oreille, admettre que sur ce plan elle n’a pas réussi, sans chercher à trouver de fausses excuses et se retrousser les manches en collaborant sincèrement avec les habitants tout en s’inspirant des grandes villes qui ont mis en place des solutions efficaces. Point n’est besoin de se retrancher dans sa tour d’ivoire et ses certitudes, la situation commande d’agir vite et bien car le temps presse et la situation n’est pas irréversible.