Une promesse de campagne répudiée

Le taux de la taxe foncière à Paris fera un bond de 52 %, passant de 13,5% à 20,5% en 2023 (sauf pour les propriétaires qui s’engageront dans la rénovation thermique de leur appartement mais ce ne sera que partie remise pour eux aussi et ceux « rencontrant des difficultés économiques » et titulaires d’allocations de solidarité). C’est ainsi qu’au prochain conseil de Paris devrait être votés 586 millions d’€ de recettes supplémentaires estimées en pleine crise du pouvoir d’achat.  Mais il faut bien boucler le projet budget de l’année prochaine qui n’a déjà que trop tardé.  La Maire a diffusé une lettre « préventive » su Twitter afin d’annoncer la nouvelle à ses chers administrés contribuables !

La mairie a même déjà donné quelques exemples. Ainsi le propriétaire d’un 50 m2 verra sa taxe foncière passer de 438 à 665 euros et celui d’un 75 m2 de 576 à 874 euros en moyenne. Ce qui tend à prouver que cette décision a été préparée  de longue date  face à l’endettement élevé et croissant de la ville (7,7 milliards d’€ prévus fin  2022, voir à ce sujet  notre article du  08 décembre 2021). Résultat d’une politique constante de grands travaux engagés pour “réenchanter » Paris  (les pistes cyclables, réaménagement des places, du parvis de Notre-Dame, de l’Hôtel Dieu, de l’Ile de la Cité, des Champs Elysées,..), une politique hors de contrôle de multiplication de logements sociaux (l’adjoint à l’urbanisme plus royaliste que le  roi ne vient-il pas d’annoncer un objectif de 40% de logements publics à Paris!).Citons aussi la frénésie de subventions à une multitude d’associations (plus 300 millions d’€ par an) et crise sur me gâteau, le achat de boîtes de nuit en difficulté.  

La mairie (PS) a privatisé de nombreux services, à périmètre réduit le nombre de fonctionnaires municipaux a été augmenté de plus de 40% depuis vingt ans, tandis que les services publics (nettoyage des rues, sécurité, entretien des jardins et des trottoirs, etc.) laissent de plus en plus à désirer.

Ajoutons aussi les coûts dispendieux nécessités par les Jeux Olympiques de 2024. Toutes ces dépenses ont un prix et l’alibi du réchauffement climatique, de la Covid  de la guerre en Ukraine, la baisse probable du nombre de transactions immobilières servant de base au calcul de la DMTO (voir infra)  et surtout du «  maintien d’une haute qualité  » des services publics, ne convainc pas les 32 % de Parisiens propriétaires (un pourcentage inférieur au demeurant à celui des autres villes) qui vont devoir faire un effort financier substantiel en pleine crise  du pouvoir d’achat, d’augmentation du prix de l’énergie et des denrées alimentaires.

Où se situe la cohérence ? Qu’importe, les soi-disant « riches » doivent payer, s’ils avaient pour la plupart  travaillé moins ils n’en seraient pas là, tant pis pour eux et on leur offre les nuisances sonores des terrasses des bars en prime !  A eux donc de pallier les décisions prises par l’équipe municipale d’une ville au bord du gouffre financier qui annonce déjà 1,7 milliard d’investissements pour 2023 !

Mettre en avant que le taux de la taxe foncière est le plus bas des grandes villes françaises n’est pas fondé, Paris bénéfice en effet d’une assiette beaucoup plus large de recettes que les autres communes… Elles irriguent depuis longtemps les caisses de la mairie. Les fameux DMTO (droits de mutation à titre onéreux fixés à 4,5%  sur les transactions immobilières) ont rapporté 1,734 milliard d’€ en 2021 (+ 89% depuis 2013), les 126 000 propriétaires de résidences secondaires et les touristes ont été surtaxés (taxe de séjour augmentée notamment celle des locations saisonnières),     La Ville semble devenue un gouffre financier avec une addiction marquée aux investissements, la plupart d’entre eux conduisant à l’enlaidissement de la capitale, et à son rabaissement au rang de ville moyenne.

Si selon l’adjoint responsable des finances  » la Ville n’empruntera plus en 2023 que 514 millions contre 860 cette année, et l’encours de sa dette devrait s’établir autour de 8 milliards d’euros« . Cette décision prise au plus mauvais moment par l’équipe municipale traduit clairement les difficultés que rencontre la ville sur ses finances. Elle ne sera pas sans conséquence sur les résultats des prochaines élections municipales, les électeurs contribuables n’étant pas prêts d’oublier une telle volte face.

 

 

 

 

 

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